Toutes nos envies parle de choses aussi fondamentales que ne le faisait un des derniers films que j'ai vu au ciné, à savoir Polisse, mais dans un style totalement différent : là ou le cinéma de Maïwenn nous prend par la gorge et nous assène frontalement une réalité, la caméra de Lioret y va de façon plus douce, plus tendre, mais tout en nous rappellant des évidences salutaires.
Mais contrairement à ce que j'aurais pu penser en lisant la presse ou les interviews du réalisateur, le film n'est pas qu'une chronique sur le surendettement et sur les dérives des sociétés de crédit au détriment des "pauvres gens".
En effet, le film l'est évidemment, mais c'est aussi et avant tout, le portrait de gens bien qui font tout pour garder leur dignité, malgré les obsctacles, juridiques et sanitaires. Car l'héroïne jouée par Marie Gillain, inspirée d'une juge ayant rééllement existé et apparaissant déja dans le livre d'Emmanuel Carrère, à l'origine du film, D'autres vies que la mienne, livre un double combat : contre les décisions de justice qui ont tendance à privilégier ces sociétés de crédits ( car le crédit, c'est la consommation et on ne peut pas lutter contre l'économie de marché) et aussi et surtout contre le cancer foudroyant qui l'atteint, à l'aube de sa trentaine. Et hélas, cette dernière bataille étant de loin la plus difficile à mener, elle décidera de jetter ses dernières forces dans la première. Cette magnifique personne fait ainsi un personnage idéal de fiction, encore fallait il ne pas le trahir.
Et que soit chez Carrère dans son extraordinaire roman ou ici chez Lioret, le personnage de Claire conserve, tout du long de l'oeuvre, une dimension exceptionnelle. Et les autres personnages qui l'entourent ne sont pas en reste, notamment Stéphane, le collègue spécialiste du surendettement qui va l'accompagner dans ce challenge. Par rapport au vrai juge du livre, le juge Rigal, j'ai trouvé que Lioret avait humanisé cet homme qui m'avait paru un peu misantrophe, un peu trop ours, alors qu'ici, et c'est du au regard de Lioret mais également à la générosité énorme de Lindon qui l'incarne, il possède ici une humanité bouleversante.
Humanité, c'est d'ailleurs le maitre mot du film avec solidarité (comme dans les films de Guédigian auquel le film peut faire penser, dans ses scènes de groupe), et si le film reste sombre car la précarité, la maladie et la mort rodent tout autour, les valeurs véhiculés par ces individus apportent au film un coté solaire, particulièrement prégnants dans certaines scènes (celle du match de rugby à la fin, vous voyez que je peux aussi aimer ce sport au cinéma, contrairement à ce que je racontais dans mon billet sur Invictus).
la chronique en entier ici http://www.baz-art.org/archives/2011/11/22/22721623.html