VERS L'AUTRE : Sous un fond socialo-politico engagé ; critique du système judiciaire, de la déontologie des maisons de crédits, de la misère des familles démunis ( les sujets sont vastes ) ; « Toutes nos envies » est d'abord la rencontre entre deux êtres que rien n'oppose. Tous deux juges, désireux d'être juste et de s'impliquer dans l'action, le combat contre l'oppresseur, ils se retrouvent ensemble au sein d'un même chemin, vers un même but, celui de faire plier les maisons de crédits, d'atteindre et de porter au monde leur malhonnêteté et leur immonde publicité mensongère, fruit direct de milliers de déshérités endettés jusqu'au coup. Certes, c'est utopique, le grand rêve de rendre justice, la vraie, dé dénoncer véritablement ce qui parait inacceptable ( et qui pourtant pullule de plus en plus ) mais ça a le mérite d'offrir des directions, des points de vue, des envies de changement, ça bouge, on sort de la salle un peu différent, un peu plus abattu peut-être et combattant également, c'est déjà ça. Ensuite il y a cette romance, ces deux âmes, pas vraiment esseulées, unies autour d'une même idée, convaincues de leur raison, de leur justesse, qui se touchent aussi sentimentalement, jamais vraiment, mais en profondeur, sans parvenir à cerner l'essence même de ce qu'ils ressentent. C'est d'ailleurs là que le film ne plonge pas dans du sentimentalisme primaire et primitif ; cette retenue vis à vis de la relation, cette recherche pour ne pas trop en dire tout en disant beaucoup : une main serrée, une conviction portée, un regard, une demande. Pas de fortes déchirures, de massacres intérieurs mais une tristesse latente ; celle de la vie qui prend fin et qui doit continuer. Encore, ne pas abandonner, ne pas se diviser, ne pas se prosterner, rester digne, rester Homme, comme l'est « Toutes nos envies », tellement humain qu'il est compliqué de ne pas y être sensible.