Les plus utilesLes plus récentesMembres avec le plus de critiquesMembres avec le plus d'abonnés
Filtrer par :
Toutes les notes
Santu2b
255 abonnés
1 785 critiques
Suivre son activité
4,0
Publiée le 7 décembre 2015
Depuis le départ en retraite de Hayao Miyazaki, Isao Takahata demeure le seul maître nippon vivant de l'animation. À 80 ans, l'auteur du bouleversant "Tombeau des Lucioles" nous le prouve lui-même en 2014 avec "Le conte de la princesse Kaguya", pour lequel il tire probablement à son tour sa révérence. Comme nombre de ses congénères, il signe l'adaptation d'un conte populaire japonais qu'il transcende. Ce possible testament est en effet la grâce à l'état pur, où on ne peut qu'admirer la maîtrise du cinéaste. "Kaguya" met en scène une esthétique tout simplement fabuleuse, un aspect croquis volontairement inabouti, où se côtoient de raffinées teintes d'aquarelle. Sous cette grâce aux instants parfois fulgurants se dévoile le corps d'une poésie sincère, riche en intelligence et émotions. Merveilleux.
2013 (et donc 2014 pour nous autres Français) est une année importante pour le studio Ghibli : c'est la seconde fois où les deux plus grands réalisateurs du studio sortent en même temps leurs derniers films (la première était en 1988). Ainsi, quelques mois seulement après Le Vent se lève de Hayao Miyazaki, voici Le Conte de la Princesse Kaguya qui marque le retour d'Isao Takahata quatorze ans après Mes Voisins les Yamada. Pour ce dernier long-métrage, le réalisateur s'inspire du célèbre conte japonais du Coupeur de Bambou et de la petite fille qu'il trouva à l'intérieur et éleva par la suite comme son propre enfant avant de la transformer en une princesse solitaire. Un sujet féérique pour le metteur en scène qui signe ici l'un de ses plus beaux films... À l'instar de son précédent film, Takahata offre à son public une animation simple, épurée, quasiment tout le temps sous fond blanc. Les dessins sont raffinés et chaque trait porte encore les coups de crayon, rendant le film très sobre, trop peut-être pour certains. Pourtant, le réalisateur parvient une fois encore à nous émerveiller grâce à son immuable savoir-faire et l'on est immédiatement transporté dans cette histoire humaine à la fois triste et enjouée où Okina, coupeur de bambous, va élever ce qu'il pense être une princesse trouvée dans une tige lumineuse qui lui livrera par la suite de l'or et des toges somptueuses. Pour le fermier, aucun doute : le ciel lui a envoyé tous ces présents pour faire de sa fille adoptive une princesse de la capitale qu'il faut à tout prix marier et rendre heureuse. Mais la petite fille, qui grandit à vue d'œil, semble ne pas accepter cette nouvelle condition. Une histoire triste donc, certes parsemée d'humour et de moments joyeux, mais néanmoins mélancolique, dans la lignée des vieux films de son auteur. Découpé en plusieurs parties se suivant logiquement, le scénario s'avère passionnant et ce en dépit de quelques longueurs. Par ailleurs, il faut admettre qu'une fois encore, Takahata ne ménage pas les plus jeunes spectateurs et fait durer un poil trop longtemps la bobine (2h15, c'est long). Toutefois, les plus patients et les plus admiratifs pourront se délecter de cette œuvre imagée enivrante et dramatique dont chaque séquence nous émerveille. Ainsi, Le Conte de la Princesse Kaguya fait partie des films les plus poétiques et les plus réussis d'Isao Takahata mais aussi du studio Ghibli, qui continue quant à lui de proposer des histoires de plus en plus adultes. Un film à part donc, qui vous bouleversera à coup sûr.