Sorti en France le lendemain de la Journée de la Femme, ce "We want sex equality" (titre original, une fois n'est pas coutume, mais rebaptisé par les distributeurs britanniques, suivis avec le même puritanisme par les Américains : "Made in Dagenham") rappelle opportunément la lutte menée en mai/juin 1968 par les ouvrières de l'atelier de sellerie des usines Ford de Dagenham (banlieue est de Londres), qui osaient demander avec crânerie et une revigorante obstination quelques pence d'augmentation par heure travaillée, histoire de s'aligner sur le salaire masculin. Les suffragettes avaient trouvé là de glorieuses héritières pour le combat de ce qu'il est convenu d'appeler "féminisme", mais qui est simplement celui pour l'égalité qui devrait couler de source entre hommes et femmes... Nigel Cole, pour nous parler de Rita, Connie, Sandra, Brenda and Co choisit le ton de la comédie, non pas "sociale" à la Ken Loach (réaliste et volontiers "harsh" - rude et même rugueuse), mais "bittersweet", avec même un penchant "fairy tale" (bien qu'il s'agisse d'une histoire véridique cf. la postface faisant intervenir les vraies protagonistes 40 ans plus tard), et beaucoup d'un "feel - good movie", dans une reconstitution soignée des "sixties". Le résultat est emballant, porté par des actrices magnifiques - côté classe ouvrière : Sally Hawkins (Rita, la "meneuse" : courageuse, frondeuse, mais aussi mutine, superbe), Geraldine James (Connie la douloureuse), ou encore Jaime Winstone (Sandra, qui se rêve en mannequin) comme côté "nanties": Rosamund Pike (la femme du directeur de l'usine) et Miranda Richardson (Barbara Castle, la Secrétaire d'Etat), toutes ces femmes unies d'ailleurs par un sens de la justice hautement fédérateur ; la gent masculine faisant assez piètre figure (dirigeants Ford, politiciens, "trade unionists", et même camarades des grévistes femmes : même solidarité dans la misogynie, mêmes réflexes corporatistes, même veulerie, hélas très réalistes) - émergent cependant quelques figures sympathiques, au premier rang desquelles le savoureux Albert (Bob Hoskins), et aussi (mais en s'appliquant) Eddie, le mari un peu dépassé de Rita (Daniel Mays).