Ce qui me plait dans ce film c'est l'originalité dans la façon de traiter un sujet si banal, c'est loufoque, burlesque et plein de gaité, de fantaisie et d'excentricité. J'imagine cette jeune réalisatrice être une personne délirante et créative, elle apporte une nouveauté dans le genre caricature, faire passer un bon moment simple en sortant du moule, j'aime bien ce style qui sort du classique.
D'un genre original, on adhère ou on déteste! Personnellement, j'ai beaucoup aimé cette aventure à la fois nature et burlesque. Les scènes Adèle-Jacques sont à mourir de rire. Jeux d'acteurs plutôt théâtral, mise en scène et cadrage réfléchis, personnage principal tantôt touchant tantôt agaçant. Si on aime le second degré et qu'on se laisse aller un peu dans l'esprit de la réalisatrice on passe un bon moment.
Bricolé mais frais, chic et léger, le premier film très néo-nouvelle vague de Valérie Donzelli a les qualités de ses défauts et inversement. Avec une pincée de de Jacques Demy, un zest du Blier des Valseuses et beaucoup de Rohmer pour les références cinéphiliques, il campe une Adèle aussi désespérée mais moins folle que celle de Truffaut. Larguée par Pierre, elle trouve refuge chez sa cousine Rachel qui lui offre logis et nourriture contre un peu d'affection. Mi-Bécassine post-moderne, mi Fifi brindacier branchée, la Reine des pommes ne se contente pas de squatter chez sa parente, elle met en pratique son conseil : pour oublier il faut coucher avec d'autres hommes. Et Valérie Donzelli de mettre en scène et interprèter gracieusement ces fragment d'un discours érotique. Avec une vraie bonne idée cinématographique : faire jouer les quatre rôles masculins par le même comédien, le protéiforme Jérémie Elkaïm omniprésent dans cette exploration sexuelle d'une schizophrénie amoureuse. Il ne faudrait pas que son côté bobo (Vanessa Seward -Mademoiselle Azarro à la ville- en grande bourgeoise, les chansons de Benjamin Biolay, les jolis décors façon Elle déco …) masque les enjeux de ce marivaudage du XXIe siècle. Valérie Donzelli ose et s'expose dans des liaisons plus dangereuses qu'il n'y paraît, l'une des séquence les plus réussies étant sans doute celle du passage à l'acte sado-maso en plein parc Montsouris, avec bandeau et frissons garantis. Mais le vrai couple du film n'est pas celui d'Adèle et Pierre, Paul ou Jacques … Car Béatrice de Staël alias Rachel compose un personnage hors-champs qui emporte le film dans une autre dimension. A tel point qu'il aurait pu s'appeler La Cousine Rachel ! C'est lorsqu'elle apparaît que la salle vibre, c'est lorsqu'elle réplique (Oooooh bon ça suffit hein !) que la salle s'esclaffe. Véritable prototype, sorte de Gabin au féminin ou de croisement cinématographique improbable entre Charlot et Anna Magnani, elle ne ressemble à personne …