‘A star is born’ est un authentique classique du cinéma américain, un ‘Evergreen’ comme on pourrait l’appeler, qui revient tous les quarts de siècle avec le même succès, et relève d’une sorte de monologue d’un milieu de l’Entertainment américain qui se raconterait son fonctionnement à lui-même sur le mode du ‘Rise and fall’, en établissant que pour que quelqu’un puisse se hisser vers les sommets, un autre doit déchoir : ce furent d’abord Janet Gaynor et Fredric March en 1937, puis Judy Garland et James Mason vingt ans plus tard, enfin la version avec Barbra Streisand et Kris Kristofferson en 1976 qui, en toute logique, déplaça le cadre du show-business vers une industrie du disque alors plus florissante, une orientation que privilégie aussi cette nouvelle version du vingt et unième siècle. Attention, si ‘A star is born’ est incontestablement un classique, il n’a jamais été un chef d’oeuvre pour autant : on a affaire à du 100% mélodrame, dans toutes les dimensions que peut recouvrir ce concept : l’amour contrarié par les ambitions professionnelles, le passage de relais d’une génération à la suivante, l’alcool qui détruit les vies comme les carrières - le personnage de l’artiste déclinant est fortement inspiré du parcours de John Barrymore - , auxquels on peut ajouter une réflexion sur la sempiternelle frontière abstraite qui sépare l’art sincère de la compromission commerciale. Quoi qu’il en soit, jamais on ne pourra taxer cette quatrième lecture du scénario, singulièrement sombre, de mièvrerie, pas plus qu’on ne pourrait la catégoriser aux côtés de bouffonneries pop et vulgairement clinquantes comme ‘The greatest showman’ ou ‘Mamma mia’. Les versions successives du film ont également eu pour caractéristique de servir de véhicules à la promotion de leur interprètes (qui, du reste, n’en avaient nul besoin). Si Bradley Cooper démontre ici qu’il est un réalisateur très capable, qui donne un nouveau relief à ce récit qu’on croyait usé jusqu’à la corde et se montre convaincant en superstar americana à la dérive, c’est évidemment Lady Gaga tire la couverture à elle et captive autant qu’elle l’avait fait, dans un registre bien différent, avec la cinquième saison d’American Horror Story : sobre, émouvante, la chanteuse imprime de sa présence chaque scène du film, outre qu’elle en signe évidemment la bande originale résolument brillante...mais on avait compris depuis l’album ‘Joanne’ en 2016 que Steffanie Germanotta ne se limiterait pas à jouer les versions post-modernes de Madonna.