Vu hier soir , in extremis, avant qu'il ne disparaisse du cinéma, la salve des films de Noël approchant...
Avant toute chose il faut préciser que cette version de "A star is born" n'est pas moins que le remake, d'un remake, d'un remake (la toute première version de cette histoire était un film muet, c'est vous dire). Mais c'est en partant de la version (chantante et en technicolor) de 1954 avec Judy Garland que Bradley Cooper décide de faire ses premiers pas de réalisateur, et de s'effacer derrière l'écrin qu'il offre avec une vraie admiration à une Lady Gaga habitée. Autant vous le dire, pendant des années, je détestais Bradley Cooper, son faux sourire en coin artificiel, et je le trouvais vraiment très mauvais en tant qu'acteur. Et puis un jour j'ai vu "Happiness Therapy" et je n'en ai pas cru mes yeux, ce mec sait jouer, à condition qu'on lui donne de la matière.
Comme dit le proverbe, on n'est jamais mieux servit que par soi-même, et c'est dans la chemise à carreaux de Jack, un célèbre chanteur de country barbu et alcoolique (et à peine cliché) qu'il débarque avec ses grosses santiags dans la vie d'Ally, humble inconnue qui peine à joindre les deux bouts et chante "La vie en rose" dans un club où elle a été adoptée par des drag queens. Le film débute comme une comédie romantique (un peu schéma "Pretty Woman"), et c'est d'ailleurs la meilleure partie. On découvre un Bradley Cooper chanteur (assez sosie de Keith Urban, l'actuel mari de Nicole Kidman), et une Lady Gaga actrice, qui s'empare brillamment, et avec une sensibilité explosive de son rôle et de cette histoire d'amour atypique, à un point que clignote au-dessus de sa tête la nomination aux oscars. L'idylle est touchante, et on y croit d'autant plus que le film est ponctué de scènes qui font écho à d'autres anecdotes connues ou des destins tragiques. Jack est un peu un Amy Winehouse masculin, tombé sous le charme d'une chrysalide qui deviendra un papillon mi Taylor Swift- mi Lady Gaga. et c'est bien là où ça dérape. Dans la seconde partie du film, on ne sait plus très bien si on regarde un drame, un reboot de "Bodyguard" (Lady Gaga interprétant son Ally à la manière dont Whitney Houston interprétait Rachel) ou un biopic de Lady Gaga elle-même, tant une fois maquillée, teinturlurée et lâchée sur scène, il n'y a rien qui ne ressemble plus à Lady Gaga, que son personnage de Lady Gaga. Dans tous les cas, c'est bien elle qui déchire l'écran, explose la lumière et nous prend par les sentiments, aucun doute, à l'image comme derrière sa caméra, Cooper est en adoration pour elle. Le film aurait pu être vraiment excellent si on savait où on allait, et pour tout dire sans spoiler on ne sait pas, la fin tombe comme un cheveu sur le verre à whisky. Reste une formidable performance de la part de ses deux têtes d'affiche: oui Bradley Cooper est un bon acteur, et qui sait chanter avec ça, et oui Lady Gaga est une bonne actrice, et qui sait fabuleusement chanter avec ça, vous ne pourrez plus entendre "Shallow", le titre phare du film, sans verser votre petite larme.
Après ça, je suis rentrée à l'hôtel, j'ai allumé la télé. C'était le fantôme de feu les NRJ Music Awards. Je suis arrivée pile au moment où chantait Kendji Girac. J'ai éteint la télé.