Le film qui marque le retour de Bertrand Blier qui réussi ici un tour de force en abordant un sujet aussi épineux et complexe d'une manière comique, sans pour autant passer outre l'aspect sérieux de ce sujet. Jean Dujardin est parfait en écrivain alcoolique,désabusé et dépressif vivant reclus dans sa grande villa, unique décor du film, sans jamais quitter son sceau de glaçon et sa bouteille de blanc qui le suive partout et qui sont devenu sa seule compagnie mais aussi la seule compagnie qu'il accepte. Cet acteur nous livre ici un jeu comique loin de ses personnages de Brice de Nice ou encore de OSS117, un comique plus noire et plus cynique. Son personnage qui vit désespérément seul depuis le départ de sa femme et se réconforte dans un amour artificiel sans se rendre compte que le véritable amour est sous ses yeux et vit sous le même toit que lui. Pour s'en rendre compte, il faudra qu'il rencontre son cancer.
De l'autre coté, Albert Dupontel est tout bonnement magistral dans le rôle du cancer de Jean Dujardin. Il réussi à en faire un personnage presque attachant sans pour autant oublier que son but est la mort de sa victime. Son personnage est en apparence sympathique, élégant, éloquent et très convainquant, rien ne laisse croire qu'il est la cancer de Jean Dujardin. Mais derrière cela se cache un personnage s'imposant petit à petit dans la vie de Jean Dujardin, jusqu'à lui voler les moindres moments de sa vie avant la mort en faisant commentant les moindres faits et gestes de sa victime. Il suit continuellement Jean Dujardin et devient ainsi la seconde compagnie de ce dernier avec son sceau à glaçon et sa bouteille de blanc. Le personnage joué par Dupontel est également remarquable dans le fait qu'il s'immisce dans la vie de sa victime jusqu'à partager ses souvenirs.
Le film est en parti basé sur cette relation qui alterne entre conflit et amitié entre l'écrivain et son cancer, ce dernier ne voulant plus quitter Jean Dujardin.
Le décor est magnifique,décor unique d'ailleurs, la villa vide située dans la campagne représentant parfaitement l'état d'esprit du personnage de Jean Dujardin, à savoir un homme vivant en marge de tout sans contacte avec l'extérieur. Ce décor accentue l'aspect oppressif qu'amène le personnage d'Albert Dupontel, en faisant ainsi une sorte de huit clos entre cet homme et son cancer.
Les dialogues sont parfait, chaque phrase et chaque mots ayant leur importance. Ces dialogues sont véritablement croustillant, les répliques sont intelligentes et drôles même si derrière se cache un aspect sérieux et souvent dramatiques.
La manière de filmer est également parfaite, alternant entre plans fixes et mouvements de caméra. Ici aussi, chaque image à son importance, rien n'est laissé au hasard.
La lumière est omniprésente malgré la noirceur et l'aspect dramatique du sujet en question, mais cela permet de mettre en évidence les deux personnages principaux et la performance que nous livre leurs interprètes.
Enfin, la musique est également très bien utilisée, souvent une musique instrumentale venant illustrer le ressentiment des personnages ainsi que leurs sensations afin de nous les faire partager.
En conclusion, tous ces éléments conjugués nous livre un film magnifique qui derrière son aspect comique cynique et noir se cache une certaine dose de drame et aussi de tragédie. En effet, le destin du personnage de Jean Dujardin peut être comparé aux personnages de la Grèce Antique dont la mort était annoncé par les oracles et contre laquelle ils ne pouvaient rien faire, ce qui est le cas de cet écrivain. Un film à déguster sans modération