J'ai totalement accroché à ce que je croyais n'être qu'une assez faible comédie française. D'ailleurs je suis assez choqué devant la basse note des spectateurs sur Allociné : seulement 2.7/5 pour une telle merveille, c'est incompréhensible (tandis que LOL, qui est certes correct, se tape un 3.2). Alors peut-être les gens ne s'attendaient-ils pas à un film aussi noir, aussi étrange, ce qui explique certainement la note, mais quand même. Le film n'est pas vraiment une comédie, c'est plutôt un drame très très noir qui aurait tendance à nous déprimer, mais qui parvient à nous faire rire de temps en temps avec juste une réplique. Ce qui est bien avec ce film, c'est qu'on ne perd pas de temps. L'histoire est bouclée en 1h23, et elle commence dès la première seconde. Pas de blabla ni de choses inutiles qui nous emmerdent pendant 20 minutes, non, ça démarre vite et bien. On est happés dans la villa de cet homme qui semble n'avoir même plus envie de vivre. L'ambiance est terriblement étrange, surtout pour un film français, avec quelques flashbacks, pour nous mettre en situation mais surtout des dialogues inventifs et bien foutus (la présentation du cancer, par Albert Dupontel, est géniale). Les deux acteurs sont constamment ensemble (ou presque) et c'est juste fabuleux et très sombre. Jean Dujardin s'embarque là où on ne l'attend absolument pas (à l'opposé du registre comique habituel, il trouve un rôle des plus dramatiques) et c'est bluffant. Ce type est vraiment un grand acteur. Il fait même un peu d'ombre à Dupontel qui procure tous les éléments humoristiques du film avec finesse et humour noir incisif. Dans la peau d'un personnage collant qui refuse de partir, il est parfait. L'histoire est passionnante, d'autant que l'atmosphère est prenante, grâce à une musique omniprésente qui nous immerge dans cette espèce de drame déprimant. Les personnages n'hésitent pas à regarder le spectateur dans les yeux, et c'est encore un bon point. "Il ne faut jamais regarder la caméra directement" est pour moi un code cinématographique à la con, et j'adore quand il n'est pas respecté (bien sûr, il faut que ça ait du sens). De même, Anne Alvaro est pour moi une sacrée révélation, absolument géniale d'un bout à l'autre. Deux petits bémols pour ce film, mais qui ne m'ont pas dérangé plus que ça. Premièrement, l'histoire de pédophilie n'a, à mon avis, absolument rien à foutre dans ce film. J'en cherche toujours l'intérêt. Deuxièmement, la fin du film est assez faible et presque sans cohérence par rapport au reste. On a l'impression que le scénariste n'a pas trouvé de bonne fin et l'a donc bâclée. Quoiqu'il en soit, je ne connaissais pas Bertrand Blier et je trouve ce film innovant, différent, immersif. Il nous passionne d'un bout à l'autre, en tout cas moi j'ai été captivé d'une force monstrueuse. Il faut absolument le voir et ne pas se fier aux mauvaises critiques qui disent que l'ennui est omniprésent (il suffit de le voir sans préjugés), ou qui affirment : "j'ai détesté ce film, c'est de la merde, franchement c'est la première fois que je pars du ciné au bout de 10 minutes". Allez, je mets 4 à cause des longueurs au début et des 2 ou 3 défauts scénaristiques.