L'an 2008 et le succès colossal du premier « Twilight » auront considérablement transformé le paysage cinématographique contemporain. Une ère où la simple évocation du nom de Stephenie Meyer suffit à lui seul pour vendre un film. C'est dans ce contexte que sort sur les écrans le crypto-fantastique « Les Âmes Vagabondes », adaptation ciné du roman « The Host » de Meyer.
Le projet, à priori peu alléchant sur le papier, l'est rapidement devenu à l'annonce du réalisateur élu pour filmer les roucoulades mormones écrites par Meyer, à savoir Andrew Niccol (« Bienvenue à Gattaca », « Lord of War », et bim 2 chefs d'œuvre dans le CV).
Le choix de la comédienne par le studio pour incarner l'héroïne Melanie Stryder surajouté à notre attente : Saoirse Ronan, talentueuse actrice du mésestimé « Lovely Bones » et du boudé – mais pourtant incroyable – « Hanna ».
Synopsis Allociné : La Terre est envahie. L'humanité est en danger. Nos corps restent les mêmes, mais nos esprits sont contrôlés. Melanie Stryder vient d'être capturée. Elle refuse cependant de laisser place à l'être qui tente de la posséder. Quelque part, caché dans le désert, se trouve un homme qu'elle ne peut pas oublier. L'amour pourra-t-il la sauver ?
Andrew Niccol a-t-il un dossier de surendettement sur le dos ? Quel diable l'a envahi pour qu'il réalise un film aussi mollasson et niais ?
D'un postulat accrocheur – l'intrusion d'un hôte dans le corps humain – bien qu'exploité sous toutes ses formes au cinéma (la SF : « L'invasion des profanateurs de sépultures », l'expérimental « Dans la peau de John Malkovich », le teenage movie « The Faculty » …), Andrew Niccol ne tire rien d'intéressant et de cinématographiquement original.
Pire, l'homme à la barre de la prouesse dystopique « Bienvenue à Gattaca » fait passer sa première œuvre pour un malheureux accident de parcours tant il rend ici une copie désinvolte aux fans de science fiction.
Car oui, après les vampires scintillants au soleil dans la précédente saga littéraire de Stephenie Meyer, place désormais aux véhicules et objets étincelants. Voitures, motos, camions, vêtements, médicaments, tout est shiny dans « Les Âmes Vagabondes ». Sauf que ces effets design censés faire futuristes sont incroyablement laids et pourvoyeurs de nausées au bout d'une demi-heure. C'est rapide. Trop rapide.
Compartimenté derrière des trouvailles visuelles pour le moins étranges – un champ de maïs au beau milieu d'un volcan – « Les Âmes Vagabondes » pâtit parallèlement d'un rythme lent désastreux et d'un décor désertique (lieu de tournage : Nouveau-Mexique, CQFD) propice à une photo assez dégueu.
Andrew Niccol ne récupère pas dans la romance esquissée en toile de fond. Peu aidé par un scénario calibré public Justin Bieber, le réalisateur de l'oubliable « Time Out » livre, en effet, un long métrage fade et sans réels enjeux dramatiques ou existentialistes, condamnés par la cruelle mièvrerie romantico-mormone imposée. L'unique point intéressant : l'habituel triangle amoureux est remplacé par une schizophrénie amoureuse assez strange, puisque Melanie Stryder et Vagabonde (« Wanda » en VO), prisonnières de la même enveloppe corporelle, sont in love de deux beaux gosses bien distincts, respectivement Jared et Ian. Imaginez l'ambiance ! Ce concept scénaristique plutôt intelligent est hélas sacrifié par l'omnipotence de la voix-off de Melanie, agaçante au bout d'un moment. Dommage !
Melanie est incarnée par la prometteuse Saoirse Ronan, révélée par Peter Jackson dans son féerique « Lovely Bones », et nommée aux Oscars pour son rôle dans « Reviens-moi ». La comédienne joue ici tout en finesse un personnage délicat à interpréter. Chapeau ! Le casting secondaire, nettement moins mémorable, est composé du jeune Max Irons (fils de Jeremy), de Jake Abel (« Percy Jackson » et sa suite) et de William Hurt, un peu plus en jambes que les deux premiers. Diane Kruger se charge, quant à elle, d'incarner la « méchante » de l'histoire, tristement ridicule toute de blanc vêtue. Décidément, mauvaise série pour la girlfriend de Joshua Jackson après le bide « Un Plan Parfait ».
Bilan : Jeune âge du public, cible oblige, « Les Âmes Vagabondes » vilipende dans des contrées de love-story abjecte au péril d'un univers SF qui aurait pu être dantesque. Plantage sur toute la ligne, ou presque – Saoirse Ronan, prodigieuse – pour Andrew Niccol, qui s'enfonce de plus en plus après l'échec cuisant de « Time Out ».