Ça va super bien sur Terre : les guerres, les maladies, le chômage ont disparu, tout le monde est méga-souriant et heureux,... Bref, il ne se passe plus grand chose d'intéressant en fait.
Et, devinez quoi, tout ça n'est pas le fruit d'une politique de nos dirigeants mondiaux mais d'une bande de chenilles blanches extraterrestres parasites venues envahir nos petits corps d'humains pour vivre en harmonie. Des aliens colonisateurs de mondes qui ont pour principales conséquences de donner à leurs hôtes les yeux tout brillants, un goût prononcé pour les uniformes blancs, les voitures de sport gris métal et la décoration d'intérieur minimaliste (Valérie Damidot n'a pas dû survivre à l'invasion) mais aussi, et ça ne serait pas drôle sinon, pour but d'éliminer les dernières poches de résistances humaines pas très enclines à disparaître.
La toute mimi Melanie fait partie de ces groupes survivants mais, poursuivie par des traqueurs aliens et pour protéger son petit frère, elle tente de se défenestrer. Pas de chance, elle parvient à survivre et les extraterrestres en profitent pour lui implanter une des leurs, une dénommée "Vagabonde" (qui s'appellera plus tard "Gaby", seigneur, ils n'ont peur de rien).
Seulement, Melanie a une personnalité tellement forte qu'elle subsiste encore quelque part dans son corps devenu de fait le théâtre d'une cohabitation entre son esprit et l'alien. Bien évidemment, Gaby va épouser la cause de son hôte et partir retrouver le petit frère de celle-ci...
Aïe, ouille, on va vite oublier que c'est Andrew Niccol aux manettes de ce machin.
Même si le déjà pas très réussi "Time Out" nous avait fait entrevoir que le bonhomme n'avait plus grand chose à dire dans le domaine de la SF dystopique sinon une fâcheuse tendance à se répéter dans la représentation esthétique d'un régime totalitaire, "Les Âmes Vagabondes" (qui est à la SF ce que "Twilight" est au genre vampirique) lui fait carrément toucher le fond tant ses idées formelles ne sont plus que la caricature d'elles-mêmes au service de l'adaptation d'un bouquin de Stephenie Meyer.
Peu importe le contexte d'invasion alien, ici, ce qui importe c'est bien une nouvelle fois la traduction des fantasmes refoulés de la romancière mormone : l'éternel triangle amoureux formé par l'héroïne et deux bellâtres adolescents.
Histoire de ne pas se faire griller en train de raconter une nouvelle fois la même chose, elle varie un peu les enjeux : Melanie avait un petit ami résistant, Jared (Max Irons, le fils de Jeremy), qui n'est forcément pas très heureux de la revoir revenir en alien et Gaby, elle, à un gros coup de cœur pour un ami de Jared.
Du coup, la pauvre Saoirse Ronan, qui n'en demandait sûrement pas tant, passe les trois quarts du film enfermée dans une galerie de cavernes, repère de la résistance, à faire des bisous à l'un ou à l'autre en fonction de la personnalité mise en avant et tout ça est véritablement passionnant à regarder comme vous pouvez l'imaginer.
En ne s'attachant donc qu'à la condition sentimentale de cette héroïne si particulière, "Les Âmes Vagabondes" se contente du minimum syndical sur tout le reste : l'intrigue extraterrestre ne décolle jamais (le face à face entre Melanie/Gaby et leur traqueuse interprétée par Diane Kruger avait pourtant du potentiel de par la similarité des personnages mais non, on expédie ça n'importe quand) et se cantonne à en dessiner les contours en vue d'affrontements futurs comme si le film était sûr de son fait de devenir le premier épisode d'une franchise (l'épilogue est particulièrement ridicule sur ce point).
On sauvera de ces deux longues heures bien évidemment Saoirse Ronan dont le capital sympathie n'est jamais égratigné par ce vide intergalactique (et c'est déjà très fort en soi !), un William Hurt convaincant en leader de la résistance et l'apparition surprenante d'une actrice connue dans la dernière partie (tant mieux qu'il n'y ait pas eu d'autres films, la revoir là-dedans aurait été un calvaire).
Rejoignant la flopée de teen-franchises avortées dès le premier épisode, "Les Âmes Vagabondes" aura au moins eu le bon goût de nous épargner une série de suites qui aurait continué à explorer...du néant.