Alice, ou les désirs est le premier volet de La Trilogie amoureuse qui se composera de trois films dont les actions s'enchaînent à quelques années d'intervalle autour de personnages récurrents et de trois personnages féminins principaux de générations différentes : Alice, autour de 25 ans, Camille, la quarantaine et Isabelle proche de 60 ans. La Trilogie amoureuse traite du couple à des degrés divers du sentiment amoureux sur fond de pratiques singulières et libres, loin du schéma du couple classique.
Pour le réalisateur Jean-Michel Hulin, le but de ce film est de recréer des émotions, des sensations, des atmosphères et de les transmettre au public par le biais du cinéma. "Il ne s'agit pas de " raconter des événements " mais de recréer des situations qui génèrent des émotions et de les faire partager aux spectateurs, explique le cinéaste. L'objectif est aussi de générer une réflexion sur l'amour, ses vertiges et ses visages multiples, dans une approche qui se veut toujours non conventionnelle."
Pour ce qui est de la mise en scène, le parti pris tient en un seul mot, la sobriété : une réalisation au service des comédiens où la caméra se fait oublier. "La construction est suffisamment structurée, et les sentiments véhiculés par l'histoire, puissants pour ne pas alourdir la forme par une réalisation tapageuse, explique Jean-Michel Hulin. Les plans séquences seront donc privilégiés, ainsi que les plans fixes, sans s'interdire une caméra fluide à base de panoramique sur pieds ou de lents travellings sur machinerie. En revanche, les plans en caméra portée seront évités. Pour illustrer ce propos, on peut citer comme exemple dans Alice, ou les désirs la grande scène érotique dans la salle de classe qui n'est composée que de quatre plans de presque 5 minutes chacun."
La musique joue un rôle essentiel dans Alice, ou les désirs. Trois thèmes scandent l'action, comme des leitmotivs, celui du désir transgressif d'Alice pour le sado-masochisme, celui du trouble ou du désir naissant, et enfin celui de son attirance amoureuse pour son élève.
Le premier leitmotiv, " le désir de la transgression", est illustré par un thème de Henry Purcell. C'est la musique funèbre pour la Reine Mary.
Les deux autres thèmes sont de Mozart, musique dépourvue de tout pathos, assez proches dans la forme (deux concertos pour piano) mais très différents quant à l'atmosphère évoquée : l'allegro en ré mineur du 20ème concerto pour La Naissance du désir, et l'andante élégiaque en ut majeur (un des thèmes les plus connus de Mozart) du 21ème, pour Le Désir amoureux.
On y entend également la chanson mythique des Stooges I wanna be your dog, référence directe au sado-masochisme, morceau sur lequel Caroline Mercier réalise une chorégraphie qu'elle a elle-même élaborée. Ce morceau de bravoure, une scène de danse de trois minutes montée en une centaine de plans, marque le basculement d'Alice vers sa nouvelle liberté, affective et sensuelle, contrairement à ce que les paroles du titre pourraient laisser penser.