Libre adaptation des romans de Sir Arthur Conan Doyle, la nouvelle franchise à succès Sherlock Holmes avait su conquérir le grand public grâce au charisme de Robert Downey Junior, à sa complicité avec Jude Law et à la réalisation efficace de Guy Richie (Monsieur "Snatch" entre autre). À l'occasion de la sortie en Blu Ray et DVD du second opus, sous titré "jeu d'ombres", voici ce qu'il faut retenir de cette seconde mouture.
Autant le dire de suite, comme dans le premier épisode, ce n'est pas par la réflexion et les déductions que brille ce volet, et les puristes crieront au scandale. En même temps, il fallait pas croire que la lucrative franchise allait prendre un tournant tout autre: à la vue des chiffres, la recette marche, et c'est le principal.
En revanche, le gros point fort de ce SH2 est son scénario. Là où le premier épisode tirait vers le surnaturel (ce qui avait rebuté bon nombre de spectateurs, malgré une conclusion 100% logique qui sauvait le navire), cet épisode s'inscrit dans la réalité pure et dure. Le film semble donc gagner en maturité.
Maturité aussi due au charisme de Moriarty, l'acteur (Jared Harris), révèle la complexité et le génie de son personnage, et la dualité avec Sherlock Holmes, sorte de combat d'ego, est tout à fait crédible, notamment grâce à de nombreuses joutes verbales bien écrites et mises en scènes.
Et c'est bien dans la mise en scène et dans les effets de style que Guy Richie excelle. On retiendra de nombreuses séquences au montage dynamique et intelligent, muet, qui laisse réfléchir, et surtout des ralentis à la maîtrise rare, car ne tombant jamais le ridicule (on a faillit franchir la ligne plusieurs fois dans un même scène). Pour la petite parenthèse technique toujours, l'oeil avisé remarquera que le réalisateur a travaillé à la fois avec des caméras argentiques et numériques. Ce choix, très ingénieux, permet aux scènes "calmes" de se trouver pleines d'authenticité, et aux scènes plus lourdes en terme d'effets spéciaux de nous en mettre plein la vue. Un bon point technique sur cet opus au final.
Que pouvons nous reprocher à Sherlock Holmes 2?
Premièrement, ce qui choque, c'est le côté "production Jerry Brukheimer" dans la construction et le déroulement de l'action. Pour les non initiés, Jerry Brukheimer a produit la saga pirates des caraïbes par exemple. La musique, l'ambiance, l'humour, jusqu'aux mimiques de Robert Downey Jr. semblent calquées sur les aventures de Jack Sparrow. Est-ce rédhibitoire? Oui et non, le film est calibré pour le grand public et réussit franchement bien là où d'autres ont échoués ( John Carter..?).
De nombreuses personnes ont reprochés à Guy Richie sa mise en scène très ciblée pour plaire aux adolescents, et cette critique est incontestable. Malgré tout, faut il pour autant le blâmer? Le film n'a aucunement la prétention de viser un public autre, et, malgré ce que l'on peut dire, artistiquement, ça a de la gueule.
Le seul aspect qui déçoit vraiment dans ce film, c'est le manque de respect de l'œuvre de Sir Arthur Conan Doyle, qui, il faut bien l'avouer, doit se retourner dans sa tombe. À se tourner trop vers le grand public, Sherlock n'a de Holmes que le nom; il faudra alors de tourner vers l'extraordinaire série TV "Sherlock" du génie Steven Moffatt pour retrouver l'essence du personnage, jusqu'à l'ambiguité de sa relation avec Watson, complètement passée à la trappe dans les longs métrages.
À noter aussi que dans cet opus, Watson ne sert strictement à rien, mais ce n'est pas plus dérangeant que ça car le personnage de Sim joué par Noomi Rapace (qui, décidément, entre Sherlock Holmes et Prometheus, nous montre son potentiel d'excellente actrice) lui vole un peu la vedette.
En résumé, ce deuxième épisode des aventures de Sherlock Holmes version Guy Richie est meilleur que son prédécesseur (chose rare), et se révèle un bon moment si on le considère comme il est: un divertissement grand public sans prétention.