J’ai entendu parler de cette histoire par un pote à l’époque du lycée, celle de Varg Vikernes leader du groupe de black metal Burzum accusé d’avoir tué de plusieurs coups de couteau Euronymous membre fondateur de Mayhem au début des années 90, les thèses restaient sombres, ce qui défraya la chronique en Norvège, terre de musique extrême, et créa par la même forcément la légende. Ça m’a passionné sur le coup mais je n’ai jamais vraiment cherché à en savoir plus, une dizaine d’années après je tombe sur ce documentaire (datant de 2009) relatant les faits, une bonne raison pour se (re)plonger dans cette sordide affaire.
Nous suivons Fenriz le batteur de Darkthrone (un de mes groupes préférés il fut un temps) nous narrant l’émergence du genre black metal, des influences, de son évolution, le tout entrecoupé d’une interview en prison de Vikernes, qui lui aussi expose d’un regard impassible sa vision des choses. On comprend vite que cette atmosphère de conflit ambivalent qui régnait entre ces gangs musicaux était assez tendue, un triumvirat se disputait l’attribution du titre de créateur original de la marque de fabrique black metal, Mayhem avait pourtant une certaine longueur d’avance grâce à leur passif macabre (suicide de leur chanteur et d’une photographie prise pour servir de couverture d’album). Face à la mondialisation des pays scandinaves et l’effritement de leur héritage culturel déjà anéanti par les religions un groupuscule sataniste va se former pour brûler des édifices chrétiens, Euronymous en est le principal instigateur à Oslo, et le mouvement va se propager créant une vague d’incendies criminels sans précédant. C’est le début de la course à celui qui sera le plus extrême, ce qui amplifiera davantage les conflits internes, surtout entre Vikernes et Euronymous, qui provoquera un dénouement de pure folie meurtrière.
Le documentaire est assez explicatif, bien qu’apparemment manquant de sources selon les plus aguerris, mais il reste avant tout abordable si l’on est un minimum ouvert, c’est le principal, et sa force première c’est que les narrateurs ne sont pas n’importe qui mais bel et bien deux figures importantes de cette époque, et non une voix off désincarnée, c’est tout de même un bénéfice indéniable. De plus la bande son balance la sauce avec plusieurs morceaux phares, ceux qui ne connaissent pas ou très peu le black metal auront l’occasion d’ouvrir leur écoutilles pour se laisser bercer par ces riffs incomparables et ce style atypique, personnellement ça m’a tout simplement enchanté de retrouver ces doux airs sortis des ténèbres, et c’est aussi bien mis en reliefs avec les paysages gothiques norvégiens et la froideur rustique des bars de Oslo. Ce qui pourrait réellement déranger c’est le fond de cette histoire, mais le but est de mettre en lumière ces événements et d’essayer de les comprendre, il serait idiot de faire l’amalgame d’une quelconque apologie du crime ou de l’hérésie, même si il est possible que les non initiés pourraient ressentir un sentiment malsain face au peu de nuances posées malgré tout (surtout devant le discours hautement nauséabond de Vikernes), il suffit de se laisser prendre par l’ambiance et adhérer à ce roman lugubre et passionnant.
J’ai aimé ce documentaire, j’ai appris des choses, j’ai pris plaisir à suivre ce bon vieux Fenriz déambuler dans les musées de Stockholm ou boire lascivement sa bière dans les pubs tapissés d’affiches de concerts, de plus il y a quelques intervenants prestigieux du milieu black metal comme les membres d’Immortal ou Bård Eithun de Emperor, l’occasion pour vous cher spectateur averti de faire connaissance avec tout ce joli monde.
Perso : un bon moment !