Jacques Audiard a été scénariste de nombreux films, des bons (Baxter....) et des moins bons. Il a réalisé une excellente première oeuvre, Regarde les hommes tomber; un sympathique polar, Sur mes lèvres, et depuis, il se prend pour un grand cinéaste.
Il filme bien: ça, c'est sûr. Il filme le mouvement, les ombres et les lumières, ces moments aveuglants (ça se passe dans le Midi) où toute vision s'abolit dans un flash de lumière. C'est un très bon technicien image. Ca ne fait pas, hélas, un cinéaste.
Les associations de défense des animaux détestent les Marineland. Ils disent que c'est une honte de rabaisser des animaux aussi intelligents que des dauphins, qui cherchent la communication avec les hommes, en leur faisant faire des tours de cirque. Ce qu'on voit dans le film leur donne raison: le spectacle encadré par des pom pom girls se déroule au son de musique disco, et les montreurs se tortillent en mesure. Franchement, faire écouter du disco aux dauphins, ils ne méritent pas ça! Ici ce sont des orques -gros bestiaux- il y en a un qui se rate (ou se venge? Va savoir.... Vas y pèpère!) et détruit une partie de la passerelle, emmenant en même temps les gambettes de Marion Cotillard. On est contents!
Après, il y a un documentaire sur les prothèses pour les amputés des gambettes (juste au dessus du genou), mais on a en vrai les athlètes Oscar Pistorius et la ravissante Aimée Mullins, alors on sait déja que la chirurgie fait des merveilles! La technologie des effets spéciaux aussi, puisqu'en affublant l'actrice de chaussettes vertes qui seront ensuite gommées sur l'image, on nous fait croire à son handicap...
Notre Marion sans gambettes (on savait déjà qu'elle n'a pas tellement de cerveau puisqu'elle fait partie de ceux qui croient que le 11 septembre n'a pas existé) rencontre Ali (le formidable Matthias Schoenaerts, qui a lui seul vaut le voyage), employé de sécurité, chargé de famille (un fils de 5 ans), qui a le QI d'un orang outang (pardon, les orang outangs). Pour gagner un peu d'argent, comme il a fait de la boxe, il s'engage dans ces matchs clandestins de lutte libre où, sur la caillasse d'une arrière cour, les hommes s'affrontent, tous les coups sont permis, au milieu d'une horde d'abrutis bavants. Ali n'est pas mauvais, il trouve Stéphanie bien jolie (c'est vrai qu'elle l'est), il est pret à l'aider, l'emmène à la plage, et lui propose de tirer un coup quand elle est en manque d'homme, et que lui même a le temps, il suffit d'envoyer un SMS: OPE? OPE pour opérationnel, naturellement. Ali n'est pas mauvais, il essaye de faire "bien" pour son fils, même s'il le rudoie souvent, et se décharge généralement sur sa soeur, qui les a recueilli, l'épatante Corinne Masiero.
Audiard a de commun avec Bertrand Blier, autre grand surfait du cinéma français, de se complaire dans la bassesse. Ses bas-du-front n'existent pas. Vous les voyez lire? Ecouter de la musique? Ouvrir un journal pour s'informer sur la politique? Rien. Baiser semble être la seule solution qu'ils connaissent pour se divertir....
Imaginons le même sujet traité par un GRAND cinéaste. Eastwood, par exemple, c'aurait été tout à fait un sujet pour lui. On serait sortis sans dessus dessous. Parce qu'Eastwood filme toujours la part d'humanité de ses héros, fut-ce des salauds (le kidnappeur d'Un monde parfait par exemple). Audiard filme des bonobos. On se désintéresse donc très vite de leur sort....
Donc, vous pouvez éviter sans mal. Ca vous fera des économies.