Dès la scène d'ouverture, alors qu'on embarque sur les routes texanes avec en fond sonore Alexi Murdoch, on comprend que ce film de science-fiction restera très terre à terre, américanisé au possible et à la frontière entre le film d'anticipation et le drame familial. On retrouve avec Real Steel la traditionnelle relation père/fils qui se situe cette fois dans le milieu de la boxe futuriste, la chair ayant laissé place au métal, nous conviant à envisager les combats les plus destructeurs possibles. C'est donc à travers le milieu sportif que l'on va découvrir comment une famille peut soigner ses plaies et retrouver l'espoir de vivre, ou tout du moins essayer.
Le film attise la sympathie du spectateur car il se présente dès le début comme un film simplet qui redonne le sourire et émerveille nos yeux de grands enfants. Produit par Spielberg comme Super 8 la même année, on y retrouve beaucoup de similitudes, notamment un jeune héros, sorte de marque de fabrique du bonhomme, qui se doit de reprendre contact avec un père dépravé, rejeté par son amie d'enfance (la sublime Evangeline Lilly – qui est agréable à retrouver autre part que sur une île –) et criblé de dettes au point de voir sa vie ne tenir qu'à un fil. Mais ce père n'est pas non plus n'importe qui, son business se situe dans le domaine de la boxe new wave, et il va y entraîner contre son gré son fils, grand passionné de ce sport et qui semble avoir plus d'un tour dans son sac pour s'affirmer dans ce monde de brutes.
Après nous avoir présenté ce je-m'en-foutiste de père, incarné avec beaucoup de sincérité par un Hugh Jackman au top de sa forme, on va découvrir comment la relation avec son fils évolue et les conséquences directes que ça a sur son propre mode de vie. La chute précoce puis le retour vers les sommets s'avèrent jouissif. Car si le film nous fait prendre notre pied c'est surtout dans l'univers futuriste qu'il propose, à base d'arènes grandiloquentes, de spectateurs en folie et de combats acharnés entre blocs de métal. La BO vibre au gré des crochets et des uppercuts (avec des très bons sons d'Eminem) et on prend un vrai plaisir à découvrir comment les robots deviennent des objets-stars et des vrais pièces de fascination. Le film sait être rayonnant visuellement en gardant un côté fun et frais qui fait beaucoup de bien. Il y a une certaine obsession pour les ralentis et les gros plans sur les visages, avec un désir de pousser l'émotion du sport à son maximum, en jouant sur le symbolisme que ça représente par rapport aux personnages : des êtres qui pensaient avoir tout perdu et qui relèvent la tête.
C'est donc le destin d'un robot, Atom, qui va emmener jusqu'aux cieux nos personnages, ne les laissant jamais tomber, fier comme un roc, prêt à défier des montagnes pour eux. On retrouve ici une thématique entrevue avec Fighter quelques mois plus tôt (ce dernier étant tout de même beaucoup plus mature), celle du combat de tous les instants, sur le ring et en dehors. Finalement le vrai combat que devra mener Charlie, le plus difficile, sera celui contre son fils. Ce sont des preuves d'amour qui devront lui être apportées et les mots ne prendront pas le dessus sur les gestes ; comme on dit, il vaut mieux une bonne droite qu'un vieux discours.
Le film trempe donc les pieds dans l'aventure grand spectacle, plein de bons sentiments et destiné à faire rêver les plus jeunes. Bref, ce qu'on prend toujours plaisir à retrouver au cinéma, et en deux heures il y a de quoi prendre son pied. Qu'importe que le film soit maladroit dans les scènes intimes, dès que le show commence, que le ring s'enflamme, que la musique et les coups éclatent en chœur, on se dresse sur notre siège, les cordes vocales usées, fin prêt pour un nouveau round. Le casting sait être drôle et touchant, et le trio insolite qui est lié par la même rage de vaincre finit de nous émouvoir jusqu'aux dernières gouttes de sueurs – et non pas de larmes quand même ! Quoique... –. Real Steel c'est un vrai plaisir, certes qui ne durera pas, mais qui fait du bien et rien que pour tout le fun que nous transmet l'histoire il devient impossible d'en bouder le contenu.