Plutôt bon film d'Eric Lartigau qui s'essaie, après deux films "comédies", à quelque chose d'explicitement plus "sérieux" ou plus "grave", en l'occurrence l'histoire d'un mec qui bascule du tout au tout, à la suite d'un événement qui l'oblige à fuir rapidos sa vie toute ficelée de jeune avocat/père de famille promise à un avenir - a priori - radieux, enfin tout ce qu'il y a de plus bourgeois en bref. Bon je passe tout de suite à ce qui m'a gêné tout au long du film, et qui m'a empêché d'adhérer complètement au scénario : le film hésite à mon sens entre deux voies qu'il s'évertue aussi courageusement qu'il se peut de joindre, celle du mec qui doit fuir une situation compromettante, genre polar ou thriller, et celle du mec qui part à l'aventure, dans un style tout artiste puisqu'il est enfin libéré de sa profession servile d'avocat pour se jeter à plein dans sa vocation jamais réellement approchée ou toujours pratiquement retardée de photographe (pour la seconde voie, donc, plutôt genre Into the wild, ce que dit d'ailleurs bien le titre : "L'homme qui voulait vivre sa vie". Seulement, le fait qu'il la vive n'est absolument pas la réalisation d'un désir enfoui ou d'une volonté enfin consciente, mais d'un accident, d'un hasard, d'une contingence juridiquement condamnable). En somme je regrette que l'auteur ait voulu rapprocher les deux voies, en faisant "un peu simplement" de la première voie la cause de la seconde. Ca laisse un peu trop à penser qu'un accident - hasard ou tout ce que l'on veut, moralement qualifié en bien ou en mal (ici c'est en mal) - peut permettre à un homme d'accéder enfin à sa destination, à sa vérité première et toute originelle. Bref ça accorde quand même pas mal de place (en sous-main bien sûr, implicitement, dans la trame du film), à tout un jeu de forces un peu téléologiques qui voient le destin garantir à l'homme sa place d'artiste, les cheveux aux vents et mal rasé, comme sur la photo ci-dessus qui voit bien le Duris rentrer dans un rôle un peu cliché (hi hi). Bon en somme, tout ça manque de crédibilité à mon sens (après tout, pourquoi le mec se fait passer pour mort alors qu'il a caché *** ? Ca laisse plutôt l'impression d'une gratuité de l'auteur qui rassemble plusieurs idées-fortes en essayant de leur donner une cohérence d'ensemble, que je trouve absolument dépareillée).
Un petit quelque chose sur les relations amoureuses (sur le mode de la déception ou du nihilisme), puisque Duris se fait tromper par Foïs, ce qui entraîne par voie de conséquence les péripéties du film. Une autre relation s'auto-détruit dans la suite du film. Et même la photo des gosses part en cendres par mégarde.
Mis à part ça, Duris est pas mauvais, évidemment, mais tout repose sur son jeu, puisque Marina Foïs joue toujours de la même manière (et jouera toujours de la même manière, dans ces grands moments de cinéma où elle parle avec une lenteur un peu ahurie en levant les yeux vers son interlocuteur, et où on attend la vanne comme dans la Tour Montparnasse infernale), et Catherine Deneuve a un rôle inexistant de vieille bourgeoise qui n'arrive pas à tirer une seule larmouillette de compassion. Ah si Niels Arestrup est quand même très bon en alcoolo habituel, enfin comme d'hab quoi.
Sinon la musique ??? Que dalle, insignifiant.
Et pis la fin sérieux... c'est risible de non-crédibilité, et ça vient éclairer sous le jour que j'ai décrit un film qui pouvait être sympa s'il n'avait pas mélangé autant de choses.
Il n'y a que le coup de la bouteille qui m'aura bien fait palpiter...
Allez, on va pas se fâcher, pour la bouteille et les quelques moments drôles (tout de même) 12/20
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