Un des plus beaux films que j'ai jamais vu... Je ne reviendrais pas sur l'histoire elle-même dont nombre d'amateurs ont déjà rapporté l'essentiel, mais j'ajouterai plutôt des remarques sur la beauté des plans, des lumières... Glasgow est filmée de manière magnifique ! "Perfect sense" enchante aussi le spectateur par tous ces petits détails, au-delà de l'histoire elle-même et réveille aussi nos propres sens... Citer tous les plans qui m'ont accrochée serait trop long, je garde cependant quelques scènes en mémoire - et pour longtemps : les derniers plans de Susan (Eva Green), splendide, quand elle ressent l'irrépressible envie d'aller vers Mickaël (petit bémol pour McGregor sur cette scène, mais je pense qu'elle est tellement fabuleuse que ce n'était pas facile de jouer l'équivalent au masculin), le plan sur leurs visages, elle de profil, lui de face. Et surtout... toute la scène de la promenade, quand ils croisent la musicienne qui tente de raviver le souvenir des odeurs perdues. C'est tout simplement de la poésie ! Les cadrages sont parfaits, et la scène où Mickaël "emballe" Susan est sans doute l'une des plus belles déclarations que j'ai vue au cinéma depuis... je cherche encore ! Bien entendu, les deux acteurs principaux sont magnifiques et justes, mais je n'oublie pas les quelques seconds rôles, très bien choisis, que ce soit Ewen Bremner, toujours excellent, ou Stephen Dillane, très émouvant. Je n'ai nullement été gênée par le va-et-vient entre l'histoire centrée sur les deux personnages principaux et les images du monde en désintégration et en survie. J'ai trouvé que cela soulignait l'universel qui est en chacun, et le particulier qui est dans l'universel. Qu'au-delà de nos différences, il y a ce qui nous avons en commun. Et si chacun lutte à sa façon pour tenter de s'adapter petit à petit à la perte de ses sens, l'espoir demeure. La philosophie du film ? Certains ont regretté que l'on n'ait pas d'explications sur la maladie, j'ai trouvé cela secondaire, j'ai pensé aux Oiseaux d'Hitchcock qui ne donnait pas non plus d'explications. Ce n'est pas le plus important, je pense, du moins, pas tel que le film se présente à nous et nous emporte. Je tente cependant certaines interprétations personnelles, à savoir que lorsque les dirigeants du monde envisagent la maladie sous différents aspects (menace de guerre, catastrophe industrielle ou écologique), les "petites gens" eux apprennent à (sur)vivre... telle cette policière ou ces femmes de ménage qui continuent leur travail, cet homme qui ramasse un vélo dans la ville dévastée... et qu'à la toute fin, si les humains ont perdu leurs sens, (hormis le toucher - on n'ose imaginer la catastrophe définitive que cela serait), il leur reste leurs sentiments... et qu'être humain, c'est aussi cette alchimie de sens, de sensations et de sentiments. Ce film interroge sur notre essence propre, et c'est rare ! A voir absolument !