"Perfect Sense" suit la mouvance des films apocalyptiques réalistes,mais son traitement minimaliste et délicat,le démarque considérablement du tout venant.Dans un futur proche,et dans un Glasgow cosmopolite et moderne,les citoyens commençent à perdre un à un l'usage de leur sens.La société mute alors terriblement rapidement.Que faire en pareil cas? Attendre fatalement la mort,revenir à des instincts basiques et animaux,ou s'adapter envers et contre tous?La vraie nature de l'Homme est d'ailleurs son incroyable faculté à s'adapter,et David McKenzie choisit d'insuffler une lueur d'espoir dans cette lente descente vers les ténèbres.Il est particulièrement inspiré pour lier la grande et la petite histoire.Une épidémiologiste et un chef-cuisinier se rapprochent dans ces circonstances inédites,et leur amour,loin d'être prévisible,est une manière de s'attacher au devenir de l'humanité.La mise en scène,imaginative,et même l'image,désaturée,lorgnent du côté de l'école espagnole(Cuaron,Meirelles,Fresnadillo),avec cette poésie toute anglo-saxonne,notamment lors des pics émotionnels qui précèdent chaque perte de sens.Peu importe finalement,qu'on ne sache la provenance de cette contagion terrestre.Ewan Mc Gregor,toujours parfait en man next door,porté par ses sentiments,et Eva Green,intense,accessible,spirituelle,forment un couple de cinéma des plus crédibles.On ressort de là,avec une furieuse envie de renifler l'air,de mieux savourer sa nourriture,et d'observer plus naturellement les paysages qui nous entoure.Une petite merveille dans son genre.