Ah, alors là ils ont frappé fort les amis islandais ! Plutôt en veine en ce moment avec les excellents Crawlspace et Croczilla, voilà Astropia, autre découverte que je conseille grandement.
D’abord les acteurs sont excellents. La palme revient très nettement à l’héroïne du métrage, qui joue tellement bien que je me risque à écrire son nom sans copier-coller : Ragnhildur Steinunn Jonsdottir. Derrière ce nom assez patibulaire à nos oreilles méridionales, se cache en fait une bien charmante jeune femme qui livre une prestation des plus agréables dans ce film, s’emparant d’un personnage aussi original que bien vu. L’actrice est parfaitement à l’aise, offrant dans un premier temps la prestation d’une jeune fille sympa bien qu’un peu futile qui est un morceau d’anthologie (elle est futile mais pas tête à claque, et c’est un équilibre très difficile à trouver). Ensuite elle devient une geek absolument mémorable, et s’empare de son personnage avec une crédibilité de tous les instants. Franchement elle est juste parfaite, il n’y a rien à redire. En plus elle transmet vraiment au spectateur ce plaisir de jouer, et c’est la bonne copine avec laquelle on a plaisir à rigoler (ou plus si affinité). A ses cotés c’est toutefois tout à fait au niveau, avec des geeks très typés et franchement excellents eux aussi (mention spéciale au patron), un Dagur un poil plus fade mais il est entouré de cas si particuliers que ca n’a rien d’illogique, et il y a une galerie de seconds rôles gratinés (dont le copain de l’heroïne). A noter que les noms font en plus terriblement plonger dans le Hobbit et le Seigneur des Anneaux (il y a d’ailleurs un Plemolas !), et voir la fille appeler son petit copain Dagur, il faut avouer que l’on pense aux nains du Hobbit.
Le scénario est parfait. D’un réalisme confondant par moment, il sait toujours se montrer décalé, original, audacieux, voir franchement loufoque pour faire d’Astropia un métrage tout à la fois très ancré dans notre époque et en même temps plein d’onirisme et de fantaisie. L’humour est très soigné, le rythme est parfait pour un film qui dure raisonnablement 1 heure 30 (une heure de plus ne m’aurait pas gêné), et la bonne humeur communicative des héros est un pur plaisir (on a envie d’être avec eux tellement ils sont décalés mais sympas). Par ailleurs ici pas de conventions. Généralement il y a toujours le moment où les personnages s’engueule, se dispute, avant de finalement se retrouver. C’est plombant, ca casse l’ambiance. Ici c’est plein de bonne humeur tout du long (même lorsqu’il y a des moments plus graves), et Astropia est résolument optimiste.
Visuellement, malgré un budget que j’imagine réduit, le résultat est parfait. La mise en scène est excellente, avec beaucoup de dynamisme, des détournements brillants des codes « jacksoniens » du Seigneur des Anneaux (Jackson a d’ailleurs une belle place dans ce film), et il y a un peu de Michel Gondry aussi. Le recours aux inserts de bande dessinée est très intelligemment fait. Les décors exploitent forcément les paysages locaux avec talent, si bien que le film n’a pas grand-chose à envier par moment au vrai Seigneur des Anneaux. De surcroit on sent dans les costumes, les accessoires, les véhicules (la course poursuite est mémorable) une attention de tous les instants. La photographie très colorée, très raffinée aussi, avec de jolis éclairages, achève de donner son esthétique soignée à Astropia. Alors bien sur il ne faut pas s’attendre à des orcs terrifiants, à des effets visuels déments, mais tout fonctionne comme sur des roulettes, et intégrés dans la loufoquerie générale du film, comme les « suédés » de Gondry, on n’y prête même pas attention. La bande son toujours en adéquation avec les images donne définitivement le ton de perfection de ce film.
En clair Astropia dépasse largement dans son genre le sympathique Scott Pilgrim. C’est une comédie fantastique absolument géniale, qui avec deux bouts de ficelles offre un résultat magistral. Drôle, ce film est surtout délicieusement sympathique, il distille une bonne humeur constante et l’héroïne omniprésente y est pour beaucoup, l’actrice, ancienne Miss Islande ayant un talent indéniable, tout du moins dans ce registre. Évitant toute vulgarité (il n’y a pas un gros mot de tout le film !), ne faisant ni étalage de sexe ni de sang, Astropia est un film qui sans aucune surenchère, en s’appuyant sur une idée simple mais essorée jusqu’au trognon par une équipe brillante pendant 1 heure 30, est un pur ravissement pour toute la famille. Je lui accorde un 5 hautement mérité.