D'après un scénario de Danièle Thompson, Alain Berbérian réalise son deuxième long-métrage, après le parodique "La Cité de la Peur" (France, 1994). "Paparazzi" (France, 1998), de par son choix thématique, reflète la percée du cinéaste dans le show-bisness. Oeil doucement critique sur la "peoplarisation" du quotidien, Berbérian traite de ce fléau de la publication du privée par la truchement de deux protagonistes. L'un d'eux, Bordoni, particulier lambda se voit victime du fléau paparazzi et se métamorphose en son bourreau pour palier à sa sentence. Si la réalisation de Berbérian ne soulève rien du récit, ne le transcende nullement et bien heureusement ne l'affaiblis pas, elle sert suffisament l'oeuvre pour retranscrire l'évolution ingénieuse de l'intrigue. Le réalisateur respecte suffisament l'histoire de Thompson et en retranscrit fort bien la permutation de ses deux protagonistes. Car si "Paparazzi" peut se voir comme la chronique frugale du phénomène de reporters à scandale, il est davantage exaltant de constater l'opération progressive de la substitution respective des personnages. Quand Verdier, paparazzi chevronné, devient Bordoni, brave homme, et vice versa, le traitement public-privé se formule et la transposition, si bien menée, appuie la critique. Mais la mise en scène, tout ce qu'il y a de plus moyen, amenuise la charge critique d'une telle oeuvre en versant le schéma intelligent du scénario dans un moule prosaïque. Les interprétations naturalistes des nombreuses guest-stars, de Patrick Timsit et de Vincent Lindon confèrent néanmoins à "Paparazzi" la vraisemblance auquelle Berbérian et Thompson se prête. Film moyen d'ampleur importante (de par sa distribution), cette oeuvre de Berbérian trace la ligne de conduite de son cinéma, un cinéma à star qui brule par les paillettes, la scénariste s'avérant là davantage nécessaire que le réalisateur. C'est la métamorphose des personnages et l'oeil aiguisé posé sur le scandale populaire qui sert agréablement le film.