"Only God Forgives".
Je ne sais pas vous, mais je trouve que ce nom a la classe.
"Seul Dieu pardonne".
Comme si Nicolas Winding Refn voulait nous plonger dans un monde sans pitié où seule la mort peut nous sauver de cet Enfer.
Moi ça me fait rêver.
En plus l'utilisation des couleurs néons très rouges peut s'apparenter à l'Enfer, aux flammes et au Malin. C'est également la couleur du sang qui coulera à flots dans ce film.
Avec cette couleur on étouffe, on suffoque, l'atmosphère est insoutenable.
Des personnages torturés au sein d'un film très noir.
On tient un truc là.
Maintenant il faut mettre ça en pratique.
Et qui de mieux que Nicolas Winding Refn qui sort tout juste de l'excellentissime "Drive" ?
Le monsieur a prouvé avec son précédent film qu'il savait construire une intrigue palpitante, incroyablement bien dosée dans sa violence et son émotion et esthétiquement irréprochable.
"Only God Forgives" partait gagnant...
Il m'a fallu très peu de temps pour savoir que j'allais détester ce film.
Ça ne cause pas... soit ! Mieux vaut montrer que dire, "show don't tell" après tout ! Sauf que ça ne dit rien et ça ne montre rien.
Le film ne veut rien dire à ses premiers instants.
Et il ne voudra jamais rien dire.
Certes c'est beau esthétiquement ! Ça c'est indéniable !
Mais au bout d'un moment, se laver les yeux c'est lassant ! Raconter quelque chose peut être une éventualité envisageable. Tu ne trouves pas, Nicolas ? Non ?
Car - je suis désolé - là c'est pas possible ! On se fout de notre gueule !
La place laissée pour la violence est si mal dosée, ça en devient immature et tape-à-l'œil.
La place laissée pour l'intrigue est... ben y'en a pas.
Sûrement que dans l'esprit de Nicolas Winding Refn tout sonne clair et parfaitement compréhensible !
Mais le spectateur ? Car c'est un peu de base pour lui que tu fais le film !
Nicolas semble n'en avoir rien à foutre du spectateur, et semble même le prendre de haut.
Ce film... mais c'est d'une prétention ! À faire des trucs "trop suggestifs et métaphoriques t'as vu, dis, t'as capté" le film semble dire que si on ne comprend rien ce n'est pas de sa faute, c'est de la notre ! On est incapable de réfléchir devant un film, nous sommes des moutons et Nicolas, lui, c'est un génie qui a tout vu tout comprit t'as capté.
Alors que non : si on ne comprend pas c'est car il n'y a rien à comprendre.
Ce film va nulle part, ce film ne fait rien, ce film ne raconte rien, ce film ne développe pas ses protagonistes et antagonistes (qui sont d'un chiant !).
Mais bon, on va bien aussi nous dire qu'il ne faut pas intellectualiser le film car le plus important c'est le ressenti !
Sauf que je ne peux pas ressentir quoi que ce soit s'il n'y a RIEN à ressentir ! C'est tellement mal dosé !
J'ai la sincère impression d'avoir été traité de merde tout le long, d'avoir été prit de haut, d'avoir été humilié par quelqu'un qui pète plus haut que son cul. La scène finale montre clairement à quel point Nicolas Winding Refn n'en a rien à foutre :
un karaoké ! Un putain de karaoké ! Mais... mais quoi !? Pourquoi ? Dans quel contexte ?
Nicolas semble se foutre de la gueule de son public, et un public facilement impressionnable va s'émerveiller devant ces quelques belles images et cette ambiance "trop mystique et trop sombre t'as vu" (qui moi m'a rapidement fait chier tant le rythme lent hurle "c'est pas chiant, c'est CONTEMPLATIF"), et le fait de ne rien comprendre va les fasciner d'autant plus. Soit ! Tant mieux pour eux ! Pour moi ce film est une arnaque, un vol de temps, un crachat à la gueule.
Nicolas Winding Refn semble bien décider à évoluer vers un cinéma complètement autiste, ce sera sans moi. Il n'en a rien à foutre de moi, je n'en ai pas plus quelque chose à foutre de lui.
Ça me laisse juste dans la question suivante : comment le cerveau brillant à l'origine de "Drive" puisse être responsable de ce... de ce... bon gros film de merde (VOILÀ, JE L'AI DIS, ah ça me démangeait !) ?
Clairement je suis exaspéré par tant de prétention, ce film est un vide intersidéral. Vraiment navrant.