Immense déception.
Attisé par la bande-annonce prometteuse, je m'attendais à un Drive version Bangkok de la même envergure que son prédécesseur, esthétique à souhait, épuré, et d'une violence aussi jouissive que parcimonieusement et savamment utilisée. Il ne s'agit en réalité que d'une pâle copie de ce dernier, dont les codes, qui s'étaient avérés auparavant payants, sont ici bouffis d'un snobisme étouffant.
Certes c'est beau. Les jeux de lumières et les plans font honneur à ce que j'estime être la patte de Winding Refn. Mais le reste est à pleurer :
-le scénario est complètement inexistant, décousu, et du coup absolument dénué d'intérêt
-les jeux d'acteurs laissent vraiment à désirer, avec une mention spéciale à un Gosling complètement transparent (que je trouve par ailleurs bien trop utilisé dans le rôle du muet au regard vide dans beaucoup de ses derniers films) et dont on ne peut sérieusement affirmer qu'il tient ici le premier rôle, ceci revenant à un Vithaya Pansringarm totalement hors de propos. Soyons gentils, disons de Kristin Scott Thomas remonte péniblement le niveau, mais c'est dans un rôle très caricatural qui n'est pas à la hauteur de ses compétences.
-les dialogues : quels dialogues?
-les musiques sont sans intérêt. On a parfois quelques embryons de bons sons (on se fait d'ailleurs la remarque), mais à peine commencent-ils à nous porter qu'ils s'arrêtent, et notre espoir de voir le film décoller s'effondre avec.
-la violence : c'est du Refn, ça? Aucune intensité, aucun choc. Le côté "armes blanches only" ne fait penser qu'à un kill bill du pauvre. Je m'attarde sur la scène de torture, grotesque à souhait, voire même nanardesque, qui fait plus sourire qu'autre chose.
-et qui n'a pas été à plusieurs fois surpris par ces moments complètement surréalistes, que ce soit les phases pseudo-mystico-psychanalytiques ou, mieux encore, le karaoké à mourir de rire, qui ne font que brouiller davantage le peu de sens qu'avait le scénario, avec une palme d'or dans cette catégorie à la fin, aussi brutale que confuse, qui, si le film avait été bon, nous aurait laissé sur notre faim, mais qui là apparaît comme la seule bonne surprise du film, annonçant le terme de cette infâme torture.
En résumé, Only God Forgives est un échec complet, un film écrit sous ecstasy, joué par des acteurs sous héroïne, appréciable uniquement sous cocaïne, et sonne dans la carrière de tous ses participants comme un requiem rythmé par les pas lourds de Vithaya Pansringarm. Nicolas Winding Refn a, en revanche, admirablement bien choisi le titre de son film, car il n'y a bien que Dieu pour lui pardonner une telle horreur.