Le Danois Nicolas Winding Refn nous livre ici son 9ème film et son 2ème en compétition au Festival de Cannes 2 ans après Drive.
Ryan Gosling joue ici le personnage principal du film nommé Julian, dans la lignée de Drive. Il compose un personnage silencieux (il doit parler environ 3 fois dans le film), mystérieux et profondément inquiétant.
Vous l'avez compris si vous avez lu l'histoire, un mot peut venir en tête : vengeance. Car finalement, le scénario est très classique et très peu mis en avant dans le film, mais on s'en fiche, la mise en scène et l'interprétation se suffisent à eux mêmes. Une explosion de lumières colorées, d'interprétations possibles pour le spectateur. Une effusion de sang, un film oppressant, violent. Une mise en scène tranchante comme le sabre de ce "Dieu" Chang (interprété par Vithaya Pansringarm) qui est le seul juge de l'histoire (auquel se réfère le titre). Personnage inhumain, inexpressif, ce n'est pas le seul antagoniste du film. Non! La mère de Julian est si condescendante envers lui et si cruelle qu'on en vient à penser que ce dernier est peut-être le moins monstrueux de tous. L'impuissance qui le caractérise est d'autant plus terrible, qu'il ne peut aucun cas contredire sa mère. On perçoit tout de même derrière son masque d'indifférence une once d'humanité au fond de lui. Elle se révèlera plus tard dans l'histoire (no spoil).
La très bonne bande-son composée par Cliff Martinez (de retour depuis Drive) participe grandement à l'atmosphère du film et accompagne magistralement la mise en scène.
Malgré le tourbillon de violence du film, une scène particulièrement dure choque : la scène de torture. Tout n'est pas montré, la caméra se détourne parfois un peu de l'action mais les cris de douleurs incessants de la victime de "Dieu" serrent la gorge.
C'est un festival d'ultra-violence stylisée avec une mise en scène lente, très lente, qui en dérangera plus d'un, certes, mais qui installe un sentiment de malaise chez le spectateur : on ne sait jamais quand la violence peut reprendre, ni avec quelles armes.
Sans rien dire de plus je vous direz : allez-y, foncez si vous avez le courage de vivre cette descente aux enfers tragique. Elle vaut la peine si tant est que vous aimez le cinéma dans sa matière la plus brute, son minimalisme et sa violence la plus crue. Ce n'est pas un film d'action, car le héros est quasiment tributaire du massacre. Ce n'est pas un western, pourtant le héros silencieux et la dimension de vengeance du film peuvent y faire penser.
Non, c'est un Winding Refn avec sa façon si unique de filmer, de mettre en scène des histoires simples, où les dialogues sont rares, et où toute la narration se fait grâce aux cadrages si précis et bien choisis accompagnés d'une bande-son nous immergeant complètement dans son film.
Une palme d'or, c'est peu probable, mais une place particulière dans le cinéma, c'est certain.
Ma note : 4,5/5.
A voir : pour vivre une expérience cinématographique violente dans tous les sens du terme.
Pas de Kavinsky pour la musique titre cette fois-ci, et non! Pas de panique, Cliff Martinez ne connait pas de baisse de régime et a composé une très bonne BO.