Ha ! Enfin un coup de coeur, ça commençait à faire un moment que je n'étais pas ressorti chamboulé (dans le bon sens du terme) d'une salle de cinéma.
J’adore Refn, j'ai aimé chacun de ses films, bien avant le "phénomène" Drive qui lui a permis d'obtenir une plus grande reconnaissance. Seulement là, il retourne vraiment à ce qu'il fait d'habitude. Un style particulier, lent, violent, mais beau. Donc je comprends que cela ne plaise pas. On peut être surpris, dégoûté, déçu, ou simplement adhérer à l'idée, au style, l'accepter et prendre un pied monumental pendant 1H30. C'est ce qu'il s'est passé avec moi.
C'est vrai que le scénario est très banal mais il est bien plus profond qu'il n'y parait. Le film est métaphorique, il n'est pas réel. C'est un autre monde, une autre vie qui est montré ici. Et la lecture du film en devient passionnante. On peut trouver des sens cachés dans la plupart des actions et des gestes des personnages. C'est passionnant !
Mais le film se suffit à lui même, pas besoin de l'analyser dans tout les sens si on ne le souhaite pas. C'est l'histoire d'une vengeance, d'une rédemption, du pardon aussi. Le thème est vu et revu, et c'est là que la forme arrive. C'est juste beau. Je m'étais fait la réflexion avec Drive, et c'est le cas ici aussi, chaque plan est réfléchi, travaillé. La mise en scène est parfaite du début à la fin. Il arrive à sublimer une violence démesurée. Car oui la violence est présente, mais certainement pas gratuite. Plusieurs fois la tension monte, elle en devient palpable et insupportable, et c'est la violence crue qui la fait retomber. Elle a un coté libérateur. La photographie, et ce filtre rouge fait son effet.
Et pour moi, le personnage principal du film n'est pas ce cher Ryan Gosling, mais Vithaya Pansringarm. Il a le rôle central, c'est le pilier du film, lui est son sabre qui surgit d'on ne sait où. Et comme Gosling, ce n'est pas vraiment un grand rôle de composition. C'est simplement une présence, un charisme. Tout comme Mads Mikkelsen dans Le Guerrier Silencieux, ils arrivent à transmettre des émotions, des sentiments en étant là. Sans expressions sur le visage, sans paroles. Les deux personnages sont très similaires. Et bien sur leur rencontre est jouissive. LA scène du film.
Les personnages sont habillements construits. Difficile de dire qui a raison, et qui a tort.
Comme quoi, il suffit parfois d'un film d'1H30 avec un scénario très simple mais habilement construit, pour être bien plus complexe, profond et recherché qu'un prétentieux Cloud Atlas pour ne citer que lui !
Nicolas Winding Refn suprend encore, et en profite pour ajouter à sa filmographie un autre film d'exception.