Last Days of Summer est un des films les plus inégaux qui m’ait été donné de voir au cours de ma vie. Sur le papier, c’est extrêmement tentant : le réalisateur scénariste Jason Reitman (Thank you for Smoking, Juno, In the Air, Young adult) offre à Kate Winslet son premier rôle dramatique sur grand écran depuis la sortie coup sur coup des exceptionnels Revolutionary Road et The Reader.
On commence à se méfier avec la bande annonce, une des plus nazes jamais faite, rythmée par de la musique grandiloquente hyper mièvre, suintante de bons sentiments. Et le film commence effectivement mal : pendant à peu près 1h, on a l’impression de regarder un téléfilm un mardi après-midi sur M6. Là, ce n’est pas une mère au foyer qui lutte pour retrouver l’enfant que son mari lui a enlevé, mais une femme qui se laisse séduire par son ravisseur, qui vient combler la place d’homme et de père qui manque tant dans cette maison : enfin une main forte pour changer la roue de la voiture, enfin une figure virile pour apprendre au petit Henry à jouer au base-ball. Bref, une espèce de romance ultra-genrée où cette pauvre femme fragile est enfin sauvée par un homme fort et sexy qui a pour seul intérêt d’aider les ménagères à s’évader de leur ennui latent, comme le serait un 13h de Laurent Delahousse.
Mais, miracle, les quelques jalons posés assez finement au début du film se déploient dans sa seconde moitié : la profonde dépression de la mère, la solitude et l’inaptitude sociale du fils, … Alors certes les explications données sont un peu faciles, certes un nouveau personnage à la fois détestable et complètement absurde est introduit uniquement pour nous dévoiler les angoisses du fils. Mais la mayonnaise prend.
Ainsi, le film s’éloigne progressivement de la romance cheap pour se mouvoir en thriller doux et émouvant. La large palette de sentiments qu’il suscite est déroutante, mais sa réelle force se trouve finalement dans son casting de départ. La réalisation est impeccable, et surtout, SURTOUT : comme s’il était encore nécessaire de le prouver, Kate Winslet nous confirme qu’elle est, et de très loin, la meilleur actrice de sa génération.