Paul W. S. Anderson, avec son petit exemplaire de l’œuvre de Dumas (on parie qu'il a acheté la version "extraits choisis", comme tout étudiant fainéant qu'on a tous été... Non ?) sous le coude, l'air guilleret, adapte avec sa finesse pachydermique Les Trois Mousquetaires, et en fait une revue pour ados. De la couleur flashy, des acteurs à la belle gueule et au regard ténébreux (brushings d'enfer validés par les jeunettes de 12 ans), des références à Resident Evil (oui, on a vu Mila Jovovich dans la salle des fils à découper...), des vannes assez nulles (la seule qui nous fait sourire - de lassitude ? - est celle du Roi qui se trompe continuellement de couleur de garde-robe pour être "in"), des effets spéciaux qui doivent constituer 80% des décors de la fin (attention les yeux)... A part à des ados en mal de blockbusters boursouflés et clinquants, Paul W. S. Anderson ne s'adresse pas vraiment aux autres, mais on remarquera quand même ceci : son film est assez inoffensif, comble au besoin une soirée pluvieuse (le rythme y est, l'intrigue aussi dans ses très grandes lignes, les costumes ne sont pas laids), et s'oublie assez vite. On est assez gênés devant pareil naufrage visuel (les étincelles sur les épées qui s'entrechoquent, les ballons gonflables, les armées... Rien ne fait vrai), au budget qui se compte en vedettes appelées au Front (Christoph Waltz, Logan Lerman, Orlando Bloom, Mila Jovovich, Luke Evans, Mads Mikkelsen, James Corden...), qui croit fermement qu'il tient un bon film, prêt à lancer ses suites (on se racle la gorge...). Pour ajouter à la fête, on se confronte à un scénariste qui n'a rien compris au livre (ô joie) : les mousquetaires sont des héros populaires à la solde du Roi, Milady passe pour une tarte... Exit le récit de trois parias légèrement anar qui défendent leurs valeurs, et la vraie méchante qui tire absolument toutes les ficelles (et prend le Cardinal pour un pion), au point de penser à retirer deux ferrets (parties) du fameux collier dérobé afin que les mousquetaires ne puissent pas le récupérer aussi facilement que dans le film... Milady est tellement plus "badass" dans le livre, qu'on se demande comment Anderson a pu la rater, lui qui ne jure que par cette approche balourde du cinéma. Voilà ce qui arrive quand on met un éléphant comme Anderson dans un dirigeable (ignoblement numérique) : il s'écrase lentement, mais sûrement.