J’aime bien Anderson, j’aime bien Jovovich, Waltz m’avait laissé un très bon souvenir comme Mikkelsen dans des rôles précédents, tout cela m’a attiré vers les 3 Mousquetaires, en sachant que je ne suis pas à cheval sur les « audaces » scénaristiques ou historiques. J’ai été un peu déçu, confronté dans son registre à un film assez foutraque en fait, nettement en dessous dans un registre approchant de Pirate des Caraïbes premier du nom, et plus proche des suites de ce dernier.
Coté acteur donc c’est efficace. Les seconds rôles évoqués plus haut tiennent la baraque, avec des prestations enthousiasmantes, principalement Mikkelsen et Jovovich, qui fait une Milady toute trouvé, de même que Waltz en Richelieu était un bon choix. Les acteurs collent bien à leurs rôles respectifs, c’est une évidence. Bloom est en revanche peu utilisé, ses apparitions se limitent à pas grand-chose, c’est le maillon faible, peut-être pas par rapport à l’acteur mais au personnage délaissé. Au premier plan un quatuor convaincants de mousquetaires, avec un Logan Lerman qui ne dépareille pas. Ils se font toutefois souvent voler la vedette par les seconds rôles, moins lisses. A noter un surprenant Freddie Fox, et une Gabriella Wilde plutôt fade.
Le scénario ressemble trop à un grand foutoir. La narration est très saccadée, avec certes beaucoup de rythme mais qui doit énormément à un travail à la serpe en matière de fluidité. Il manque clairement 30 minutes à ce film pour développer pleinement ce qu’il a à développer et gagner dans sa construction ici souvent bancale. Il y a des passages ainsi clairement baclés comme le passage dans la Tour de Londres, vite expédié alors qu’il y avait de quoi offrir un moment dantesque. Par ailleurs avec un casting aussi étoilé et seyant aussi bien aux personnages, exposer plus certains seconds rôles aurait été une judicieuse idée. Toutefois les 3 mousquetaires s’en tire en particulier grâce à un humour sympathique. Clairement le film ne se prend pas au sérieux, il s’amuse de ses gros délires pas trop mal intégrés finalement, et il pourra surprendre par un coté moins caricatural qu’attendu. J’ai parfois vu moins de subtilité dans le traitement des caractères qu’ici, ce qui est étonnant n’est ce pas ?
La réalisation d’Anderson est aussi un peu faible. S’il y a de la fougue, de l’élan dans sa caméra, il y a un coté saccadé là aussi qui pourra déplaire. Plutôt que d’assurer la fluidité des combats à l’épée par exemple, il a tendance à montrer des morceaux qui s’entrecoupent vite, de sorte qu’il n’est pas aisé de profiter pleinement du spectacle. A noter aussi les effets de style nombreux du réalisateur, ici bien intégrés (petit bémol à la course de Jovovich au début) et qui compensent, parfois, les lacunes ci-avant pointées. Pour les décors et les costumes compte tenu du budget du film c’est tout à fait convaincant. On sent que l’on est un cran en dessous d’un blockbuster à plus de 100 millions, et que le casting a tout de même du bouffer une partie non négligeable du budget, mais la reconstitution est soignée quoique souvent un peu lisse pour les décors urbains ou les aéronefs. Le choix de proposer un film haut en couleur est aussi une bonne idée, et la photographie est tout à fait agréable, malgré un ou deux reproches, notamment sur le début une scène de combat très sombre. Les scènes d’action sont nombreuses, mais inégales. Les combats à l’épée sont bons, et malgré la mise en scène tiennent bien la route. Les combats aériens sont déjà moins enthousiasmants, mais restent corrects. J’ai été un peu déçu tout de même, m’attendant à quelque chose de peut-être moins explosif d’apparence, mais mieux maitrisé. La bande son quant à elle en fait clairement trop. Omniprésente, assourdissant les dialogues, elle est aussi teintée de quelques morceaux épiques très inspirés d’autres bandes sons bien connues. Je n’ai pas été convaincu.
Au bout du compte les 3 mousquetaires n’est pas un désastre, et s’avère un film d’aventure sans prétention, grand public (toute la famille peu le visionner sans problème) dans la veine inspirée par Pirates des Caraïbes. Le spectacle a toutefois des lacunes, et Anderson malgré ses moyens et son casting ne livre pas là son meilleur film. Peut-être trop condensé, un peu court niveau budget par rapport à sa concurrence immédiate dépassant généralement sensiblement les 100 millions contre 75 ici, l’ensemble reste correct mais sans plus et doit beaucoup à ses acteurs. 3.