Un film qui clame que "les quads, c'est super facho" et que "le jour où, sur terre, il n'y aura plus que des bâtards, il n'y aura plus de guerre" ne peut pas être foncièrement mauvais. Est-il bon pour autant ? Pendant la première moitié de ce 2ème long métrage de Michel Leclerc, on se pose un peu la question : de très bonnes, de très belles scènes interviennent de temps en temps, entrecoupées de scènes présentant moins d'intérêt. Dans la 2ème moitié, le doute n'existe plus : les scènes succulentes succèdent aux scènes émouvantes et aux scènes franchement drôles, quand elles ne sont pas à la fois succulentes, drôles et émouvantes ! A ce titre, la scène d'un repas familial réunissant Arthur Martin (Jacques Gamblin), Bahia Benmahmoud (Sara Forestier) et les parents de ces 2 protagonistes est tout simplement une scène d'anthologie. Il faut dire qu'il n'est pas facile pour Arthur d'être tombé sous le charme de Bahia, la fille d'un émigré algérien et d'une pasionaria altermondialiste, une jeune femme un peu tête en l'air (!) qui s'attribue à elle-même la fonction de prostituée politique en ce sens qu'elle couche avec les types de droite qu'elle rencontre afin de les convertir à sa cause qui se situe à gauche. Arthur Martin étant jospiniste, si elle sort avec lui, si elle couche avec lui, si elle reste avec lui, c'est différent : elle l'aime. Elle l'aime même de plus en plus ! Avec beaucoup de gaieté et de tonus, ce film aborde beaucoup de sujets très sérieux : le racisme, le rejet, l'identité, les secrets de famille qui rongent de l'intérieur, l'intégration, le communautarisme, etc. Une fois de plus, le cinéma français prouve sa vitalité et contredit les pisse-froids qui l'accusent de ne traiter que des sujets nombrilistes et/ou intimistes.