Comme si un vent frais soufflait sur le cinéma français, il semble que la comédie hexagonale ait décidé d'en finir avec les bouses d'Onteniente & co. Ainsi, avec Mammuth, Potiche et aujourd'hui Le nom des gens, c'est comme si, enfin, la comédie n'était plus de droite ! Mêlant histoires de vies, blessures intimes et secrets de familles, engagement politique et sexe, le film de Michel Leclerc s'articule habilement sur la base d'un scénario plus complexe qu'il y parait, subtil, profond et drôle. Car c'est d'abord et surtout la comédie qui l'emporte, menée tambour battant par le personnage de Baya, jeune effrontée qui baise les fachos pour mieux les convertir. Face à elle, fruit d'une famille taiseuse, le coincé Arthur Martin va s'émanciper avec difficulté avant de trouver du sens à sa(la) vie. Certaines scènes sont à se pisser dessus et c'est un vrai bonheur, d'autres font venir les larmes aux yeux et c'est un vrai bonheur (de cinéma) aussi. Histoire de cœurs (toujours à gauche), histoire de plaies, mais surtout histoire d'amour(s) Le nom des gens est l'histoire de celui qui lie Baya et Arthur. Une scène l'illustre à la perfection : dans le métro, après que Baya ait engueulé le conducteur alors qu'un couple de vieux voulait entrer, on lit dans le regard d'Arthur qu'il tombe amoureux d'elle à la seconde même. Moment rare, ça s'appelle du cinéma. Du cinéma, malheureusement, il y en a moins dans une mise en scène qui se cherche mais ne se trouve jamais, hésitant sans cesse jusqu'à ne pas avoir de style. Trop de (mauvaise) musique, trop de faux super 8 ou de noir&blanc, c'est dommage. Mais peu importe. Ce qui l'emporte c'est le plaisir de se retrouver dans les personnages, de revivre certaines journées électorales, d'entendre des discours qu'on entend peu (principalement celui des "athées de culture musulmane"), de rire aux éclats et d'avoir la larme à l'œil. Pas de faute de goût côté casting : Sara Forestier est délicieusement insupportable et Jacques Gamblin est délicieux tout court. Idem pour les seconds rôles : Zinédine Soualem n'a jamais été aussi touchant, Jacques Boudet est parfait, Michèle Moretti est comme toujours parfaite et Carole Franck est excellente. Culotté, drôle et profond, Le nom des gens, malgré ses faiblesses, est à ne pas rater.