Voilà un film qui ne plaira pas à tout le monde ! En cause les convictions politiques de chacun, ou plus simplement par simple conviction personnelle. Si le spectateur est de gauche, il encensera ce long métrage. S’il est de droite, il le descendra en flèche. Considérant que la politique est une des trois choses pour lesquelles on se dispute facilement (en plus de l’argent et du sexe), je préfère aborder cet avis par une vision plus générale. Disons plus techniques. Tout simplement parce que chaque façon de voir les choses se respecte. C’est donc en dehors de toute considération d’ordre politique ou intimement personnelle que je vais vous exposer mon avis. Comme l’indique ma note, je n’ai pas trouvé "Le nom des gens" terrible terrible. Déjà parce que la narration en voix off a tendance à me gêner et qu’elle donne un ton assez particulier, même si le dynamisme semble être la principale caractéristique sur laquelle va reposer le récit. Ensuite, et c’est là le principal reproche que je vais faire, c’est que je trouve ce film très inégal. Vendu comme une comédie, on ne peut pas dire que ce film fasse rire à gorge déployée. Il y a bien quelques moments savoureux (le repas en famille, scène excellentissime par les jeux de mots), mais par moments on s’ennuie ferme en dépit de pas mal de points intéressants et de la tonicité du récit. Côté comédiens, il n’y a pourtant rien à reprocher, Jacques Gamblin et Sara Forestier faisant le boulot de façon parfaite. Mieux, sous les traits de Bahia, Sara Forestier est si remuante qu’elle en éclipse tout le monde du devant de la scène. Y compris Jacques Gamblin, complètement dépassé par ce petit bout de femme à l’énergie débordante et qui ne recule devant rien afin de rallier ses ennemis politiques à sa cause. Remarquez, il y a de quoi être totalement débordé, tant Bahia est décomplexée à outrance. La seule personne qui échappe au raz-de-marée Bahia est son père. Il faut dire que Zinedine Soualem retranscrit avec beaucoup de sensibilité l’infinie gentillesse de son personnage, le rendant ainsi irrésistiblement attachant. C’est même peut-être le personnage pour lequel le spectateur aura le plus de compassion. L’autre gros souci est qu’on ne croit guère à la romance. Non pas à cause de l’écart d’âge, ni même à cause du fait que tout les oppose, mais à cause de l’essentiel : au fond, qu’est-ce qui les unit ? D’accord, j’entends déjà certains d’entre vous que l’amour ne s’explique pas toujours, et vous avez absolument raison. Mais de là à être confronté à une femme qui se promène à poil, te pose un lapin pour un oui ou pour un non, détient un esprit aussi léger, et qui se marie avec un parfait inconnu pour une vulgaire histoire de papiers afin d’être régularisé… non non et non ! N’importe qui fuirait ! Je veux bien que les sentiments puissent rendre niais comme pas possible (ce que Jacques Gamblin restranscrit très bien), quitte à en devenir gaga, mais il y a des limites. Malgré les deux Césars récoltés (pour appâter les spectateurs ?), le public ne s’y est pas trompé, la fréquentation étant en baisse dès la première semaine d’exploitation pour atteindre péniblement les 700 000 entrées… au bout de deux mois (ah quand même…), soit une moyenne de 1600 et quelques spectateurs par jour. Quant on y réfléchit, à l’échelon national, ça fait peu par salle et par jour quand même !