N’ayant bénéficié d’aucune promo, l’inconnu "The last day" annonce clairement à la fois par le titre, l’affiche et le pitch, la couleur sur le grand spectacle qu’il propose. Il faut dire que ce film sud-coréen ne pouvait supporter la concurrence du grand film anabolisé aux effets spéciaux de Roland Emmerich, "2012". En fait, la seule chose en commun entre ces deux films, outre le genre catastrophe, est l’année de production. Le cinéaste américain a bénéficié d’un budget conséquent, et je doute que Je-gyun Yun ait pu avoir lui aussi les 200 millions de dollars. Aussi on a l’impression que les 75 premières minutes du film ont été réalisées à l’économie pour tout donner dans le final. Comme bon nombre de films catastrophe, l’intrigue s’attarde sur des personnes bien en particulier. Et ça s’attarde tellement sur eux qu’on vient à douter du spectacle annoncé, d’autant plus que les interventions du petit professeur sismologue sont réduites à leur plus simple expression. Alors pour faire patienter, Je-gyun Yun, à la fois scénariste et réalisateur, a eu l’idée de mettre beaucoup d’humour dans la longue présentation de ses personnages. J’ignore si la différence entre la culture asiatique et la culture occidentale est en cause, mais le fait est que l’humour ne fait pas mouche. Alors certes, je ne vous cache pas que c’est plaisant au début, mais ça devient vite lassant voire agaçant, d’autant plus que les personnages, hystériques la moitié du temps, crient la plupart du temps. Et je ne parle même pas du jeu d’acteurs, mais après tout, une fois de plus, ça vient là aussi peut-être de la différence culturelle. Puis vient enfin le tsunami tant attendu, à priori inspiré du raz-de-marée du 26 décembre 2004 en Indonésie. En effet, le cinéaste était justement à Haeundae à l’époque et se demandait ce qu’il arriverait si un tsunami comme celui-ci s’abattait sur cette plage qui voit passer chaque été environ un million de vacanciers. Alors Je-gyun Yun s’est lancé le défi d’écrire et de mettre en scène un film catastrophe typé blockbusters hollywoodiens. Pour cela, malgré un budget serré, il s’est offert le luxe de de s'attacher les services de pas moins de 200 spécialistes des effets spéciaux américains, ayant mis en œuvre les films à succès comme entre autres "Le Jour d'après" de Roland Emmerich (2004), "En pleine tempête" de Wolfgang Petersen (2000) ou encore les Star Wars des années 2000, pour créer un méga-tsunami le plus réaliste possible. Etonnant quand on voit le résultat final à l’écran : c’est hideux, raté et pas réaliste du tout, malgré les 3365 plans utilisés (excusez du peu), dont 560 ont été retouchés via les effets spéciaux numériques, de manière très complexe pour une centaine d’entre eux. Tellement retouchés qu’on voit trop justement que c’est du numérique… A cela on rajoute une sacrée dose de dramaturgie, et il y a de quoi, au vu des circonstances. Mais trop c’est trop, l’overdose étant apportée par une utilisation abusive de ralentis et par une musique trop présente. En fait, l’importance des moyens mis en œuvre pour obtenir l’effet désiré tant dans la comédie que dans la dramaturgie tue l’effet désiré dans l’œuf. C’est regrettable, car il y a cependant de bonnes idées, à la fois drôles et surprenantes, la plus notable étant la chute de containers sur le pont associée au balayage assassin de câbles devenus fous de liberté. Et ce sont ces quelques scènes qui sauvent le film du zéro pointé ; malheureusement, elles ne sont pas suffisamment nombreuses pour faire sortir la tête de l’eau à ce long métrage de Je-gyun Yun.