Avis sur Blackwoods

Blackwoods n’est pas un film très connu d’Uwe Boll, loin ici des adaptations de jeux vidéo qu’il réalisera par la suite, et loin tout autant des excès qui marquent son travail plus récents. En clair Blackwoods est un film classique, et au demeurant plutôt agréable.
Coté casting on trouve en tête d’affiche Patrick Muldoon. C’est un acteur plutôt bon, mais malheureusement qui n’a pas réussi à percer après Starship Troopers. Il réalise ici un travail de qualité, avec une prestation vivante, dynamique, et qui porte bien tout les troubles de son personnage torturé. A ses cotés des habitués de Boll (Michael Paré en tête, assez fade), et des seconds rôles bien connus (Clint Howard notamment, qui marque toujours les esprits lors de ses apparitions. De manière générale, hormis Muldoon, les autres acteurs n’ont pas grand-chose à faire, et de ce fait il est difficile de vraiment juger leurs prestations. Toutefois dans l’ensemble c’est nettement plus professionnel que la moyenne des films de Boll.
Coté scénario l’histoire est assez bien trouvée. Elle n’est pas révolutionnaire, elle est parfois un peu trop alambiquée avec de multiples flash-backs par exemple, et le rythme s’écrase un peu passé la première demi-heure (qui maintien l’attention grâce à un suspens bien entretenu). Toutefois dans l’ensemble ce ne sont pas des défauts majeurs, et Blackwoods s’avère plaisant, même si je pense que Boll aurait vraiment pu dépasser le cadre de la simple série B.
Visuellement la mise en scène est un peu décevante. Le réalisateur notamment multiplie les très agaçants ralentis tout floutés, à des moments en plus où ils sont largement inutiles. On ne peut pas dire non plus que la caméra de Boll est toute la fluidité nécessaire pour convaincre lors de certaines séquences (course-poursuite par exemple). La scène de sexe n’est franchement pas génialement tournée non plus. La photographie est assez esthétique. Elle est caractéristique du cinéaste, avec un travail peu naturel qui insiste beaucoup sur le bleu et les couleurs froides. Ici, relativement à l’ambiance du film ca passe bien. De même les décors sont convaincants, sans être tonitruants. Malgré le fait que ce ne soit pas exceptionnel, il faut cependant reconnaitre que Blackwoods distille une ambiance onirique très particulière, et très séduisante. Je le conseille vivement pour cela. Je précise au passage que ce film n’a rien d’horrifique ou d’excessif. Pas de violence exacerbée, par de grossièretés qui tache ou d’humour ras des pâquerettes, pas de charges virulentes, c’est un thriller « normal ». Je note encore une très bonne bande son. Il y a eu un réel effort de fait et cela est franchement un bon point, car l’harmonie image-son est soignée.
Au final, je ne dirai pas que ce film est un chef-d’œuvre, mais je rejoins certains avis (très rares sur internet, surtout francophones), qui place ce film dans le haut du panier de la filmographie de Boll. Sans être révolutionnaire, il est consistant, courageux, et distille une atmosphère convaincante. J’invite ceux qui ont une mauvaise opinion du réalisateur à jeter un œil, car peut-être cela les amènera à le reconsidérer de manière un peu plus positive.