Je me suis procuré AMOKLAUF dans l'édition que Sin'Art propose, en version uncut et avec sous-titres français. Je pense que c'est la seule édition digne de ce nom. LE film dépressif par excellence. Gaspar Noé passe pour un gentil à côté, même si ses films avec le boucher ont plein de points en commun. En fait les deux cinéastes racontent un peu la même chose, mais pas de la même façon. Là où Gaspar offrait une sorte de second degré bien à lui pour enrichir ses oeuvres d'une double lecture, Uwe Boll traite son sujet dans une seule ligne : il frappe là où ça fait mal. Le citoyen lambda qui déprime devant sa télé, qui bosse comme tout le monde, qui tourne en rond, qui se branle devant un porno, et qui finit par péter complètement les plombs, est filmé comme un être déçu, humilié, conscient, on pourrait dire intelligent. Pourtant, il ne dira pas un mot durant tout le film... Ce qu'il finit par faire est du domaine de la logique. Vous me direz, on peut dire la même chose de Noé et son boucher. Certes. Sauf que devant le film d'Uwe Boll, je ne me suis pas marré une seule fois. Alors que clairement, Noé et Nahon me font rire dans leurs excès. Il y a donc une vraie différence de traitement. Uwe Boll explique dans une interview récente que ce film est un autoportrait, où le personnage finit par faire ce que lui-même s'est retenu de faire. Ce cinéaste se situe au-delà de la misanthropie, et il transforme en symphonie toutes les pensées macabres qui le hantent, et qui hantent plus d'un être humain sur cette Terre. Certaines scènes sont insoutenables dans leur contenu, leur longueur... Ce film fait mal, il pousse à la honte de l'être humain. AMOKLAUF, un film culte qui entre dans le panthéon de mes films cultes.