De "Restless", la dernière réalisation de Gus Van Sant, s'émane une grande poésie, à la fois calme et douce, cumulant une acceptation de la mort dans un amour naissant. L'histoire, sous un fond quelque peu macabre et triste, est celle d'un jeune homme déscolarisé (Henry Hopper, fils du grand acteur!) qui s'amuse à se rendre à des funérailles d'inconnus, où il rencontre ainsi Annabel (Mia Wasikowska, la Alice de Tim Burton) avec qui il va nouer une complicité singulière car cette dernière apprend qu'il ne lui reste plus que trois mois à vivre... Avec une bonne dose de douceur simple dans la réalisation (pas de montée d'adrénaline exagéré, ni de musique à faire à chialer) et des acteurs de talents (les deux forment un couple exquis et touchant), on apprend à accepter le sort funeste qui attend ce couple peu banal comme le font les personnages autour d'Annabel. Le personnage de Hopper, très décalé dans son allure vestimentaire mais aussi dans son vécu, est très bien approfondi et présenté au cours du film ; on y découvre un être sensible et renfermé qui ne peut que s'attacher à cette fille si proche de la mort, mais tellement optimiste et vive face au temps qui lui reste. Seule la partie avec le fantôme laisse un peu plus dubitatif, complexifiant le personnage et sa relation au monde, mais sa présence est aussi très bien traduite. L'hymne à la vie que dresse Van Sant ne manque pas d'humour, parsemé en délicatesse, allant même jusqu'à se moquer des scènes "tristes" où l'on fond en larmes d'habitude. Ici, c'est beau, simple et nette sans sombrer dans le pathos. Les sentiments sont évidents, les acteurs sont simples (les seconds rôles, d'une discrétion volontaire, partagent des moments forts), le regard sur la vie et ce qui s'en suit est ouvert et lumineux. Et bien que la guitare acoustique soit un peu trop présente à mon gout, l'histoire est touchante, belle et légère.