On admirait ce personnage ludique et extremement original malgré la reprise de codes maintes fois utilisés jusque là. On s'y identifiait, tremblait avec lui, nous nous émouvions devant tant d'injustice, nous esclaffions devant tant d'ingeniosité. On jubilait, à voir ces enquêtes une à une passer de l'énigme mysterieuse à la résolution fatidique. Et l'on croyait avoir tout vu des facettes de cet univers aussi varié soit-il. Et bien non, détrompons nous. Car s'il existe l'apothéose de Detective Conan, c'est ici, maintenant, là, tout de suite, illico presto. On pouvait noter sans difficultés ses références subtiles à Sherlock Holmes, mythique detective crée par l'immense Arthur Conan Doyle (tiens, Conan, ça par exemple...). On pouvait lui associer certaines mimiques, certains reflexes de déduction, beaucoup de choses, mais jamais on ne criera au scandale tant les environnements s'opposent. Mais voilà que Kenji Kodama a la brillante, que dis-je, l'idée du siécle de faire rencontrer les univers de nos deux protagonistes phares dans un seul et même film. Et pfiou, le résultat ? Un chef d'oeuvre, tout simplement. Confiné dans le Londres du XVIIIéme siécle, dans le quartier sordide et brumeux de Baker Street, aux prises avec Jack the ripper, figure emblématique. On en perd pas une seconde, une miette, un indice. Rien. Le scénar'io est intouchable, l'histoire par excellence. On suit Conan dans un monde virtuel où le jeu vidéo a pris sa place prépondérante dans la société, usant de stratagémes et de tactique pour rivaliser avec ses concurrents principaux (mais aussi sauvegarder son intégrité en s'aidant de l'appui de ses fidéles acolytes, dont Ran de plus en plus suspicieuse et entretenant dignement le suspense autour de ce couple imprévisible). La musique, que l'on avait pas souligné jusque là, est un atout fort de ce film (et de tous les autres d'ailleurs), multipliant les thémes accrocheurs, renforcant le rythme, le drame, l'émotion, la joie, l'indécision et on en passera...Et finalement, au coeur de tout ce florilége, on a un enjeu, et un enjeu imparable : contrer l'anarchie...contrer l'influence dominante des grands hommes imbus et assoiffés de pouvoir, dont les descendances sont vouées au même sort funeste, Le but ? Eduquer ces jeunes gens, pour en faire des personnages socialement intégrables. Dit comme ça, c'est pas trés attirant, mais dans le principe, c'est bougrement éducatif. Pour conclure, on a donc là une merveille de divertissement, qui fait une combinaison imparable de tous les ingrédients que l'on adore et admire chez notre héros lycéen detective favori, profitant de son contexte inégalable pour offrir le meileur opus des six premiers. Pour les autres, on a hâte de voir ce qu'on nous reserve...