Film d’une très grande beauté, d’un classicisme parfait, faisant fi de la mode du numérique pour n’avoir tourné que 5 plans sur 2800 en images générées uniquement par ordinateur. Tout est beau, le paysage, les mongols, les loups, la musique (classique bien évidemment). Tirons notre chapeau à toute l’équipe pour les prouesses tant techniques que logistiques. On n’ose même pas imaginer ce qu’elle a du endurer pour le tournage de ce film d’aventure, les trésors de patience déployés pour amadouer les loups, les conditions climatiques.
Quelle ironie de penser que c’est un gros studio chinois qui a demandé à JJA de tourner le film, alors que depuis sa sortie, l’Amant est interdit de séjour (quand on sait que piraté à l’échelle nationale, c’est devenu là-bas un film culte !), au même titre que JJA depuis la sortie de « Sept ans au Tibet. » Quelle revanche !
JJA nous trace un portrait réaliste du caractère et de la société des loups (incroyables stratèges). En comparaison, la meute des hommes, elle, ne donne pas une image valorisante de l’espèce. La morale de l’histoire, c’est que là où l’homme met les pieds, les choses finissent par partir en quenouille. Au début du film, quand mongols, loups et autres « résidents » de la prairie cohabitaient en bonne harmonie, ou dirons-nous en bon équilibre, malgré l’hostilité de l’environnement, les loups étaient gras, revêtus d’une abondante et somptueuse pelisse. Vers la fin, ils sont étiques, le poil rare, faméliques et donc forcément affamés. Acculés.
C’est la boule au ventre et à la gorge que nous assistons dans notre fauteuil à l’inexorable et irrémédiable disparition de tout ce qui existait depuis des millénaires. Quand tout se sera éteint, que nous restera-t-il en héritage ? Des films comme Le Dernier Loup, alors rien que pour cela, merci monsieur Annaud.