Le Dernier Loup, c’est l’histoire du déclin d’un animal sauvage, menacé par la sédentarisation des hommes et l’urbanisation. Le loup occupe une place particulière dans l’imaginaire commun : il n’a eu de cesse d’alimenter contes, romans et autres légendes. Considéré ici par certains comme un danger, une race à éliminer, il est pour d’autres une divinité, un animal fascinant. Nombreuses sont les références à Tangri – le dieu Loup – dans le clan de Bilig, dont la yourte est piquée d’ une peau de l’animal. Paradoxalement, ce sont les gazelles qui nuisent au vieux chef, car elles dévorent l’herbe qui sert à nourrir son troupeau. Il y a dans Le Dernier Loup toute une réflexion sur la chaîne alimentaire et sur la façon dont l’homme peut profiter de la nature, tout en la respectant et en sachant s’incliner devant sa force. Paradoxe que l’on retrouve sur l’affiche – par ailleurs très réussie : le loup est seul sur un pic rocheux, symbolisant sa population en déclin mais montrant aussi sa domination sur les grands espaces.
Loup, y-es-tu ?
Impossible de ne pas penser au grand Jack London en regardant Le Dernier Loup, en particulier à Croc-Blanc, qui relatait l’histoire d’un loup et de son maître. Et lorsque Chen recueille le louveteau, c’est l’instant super-cute du film : la ravissante petite boule de poil aux oreilles pliées et aux grands yeux bleus a suscité une vague de « ohhhhhhhh » dans la salle. Saluons au passage le travail du dresseur canadien Andrew Simpson qui s’était également occupé des loups sur le tournage de Loup, de Nicolas Vannier. Le résultat est impressionnant. Ceci dit, la relation entre Chen et « petit Loup » – oui, c’est comme cela qu’il s’appelle, originalité, quand tu nous tient ! – est assez superficielle et les motivations du jeune homme restent floues. Il ne semble pas y avoir de lien particulier entre eux, du coup, on passe à côté de la case « émotion ». Les somptueux paysages mongols et les vibrants couchers de soleil pourpres ne trouvent pas d’écho sentimental dans le scénario. Et les histoires secondaires, qui arrivent en nombre (problèmes économiques des bergers, l’amitié entre Chen et Bilig et l’inévitable romance entre le jeune citadin et une magnifique autochtone), ne nous émeuvent pas plus. Dommage, car Le Dernier Loup est une belle épopée qui nous plonge au cœur de la steppe mongole à la découverte d’un peuple fascinant qui vit au rythme des saisons. Et le loup est une créature qui n’a pas fini d’éveiller notre intérêt.