Aaaaaaaah, le beau film que voilà. Tandis que le Western vient pointer le bout de son nez de temps en temps dans nos cinémas, faisant peu à peu son retour (parce qu'un acteur mal rasé sur un cheval avec un huit coups c'est toujours classe), on est en droit de se revoir des vieux Westerns. Il y plusieurs catégories de Western qui se sont créés au fil du temps, les Westerns brillantissimes (ais-je besoin de citer Leone ?), les Westerns à chier (comme pas mal de Django, vieux ou récent) … et même les Westerns modernes avec "A Bittersweet life" qui est, avouons-le, un Western purement et simplement. Et il y a les Westerns rigolards et absurdes … alors non, je ne parle pas des Westerns rigolards du genre "The Salvation" où le héro voit sa famille mourir alors qu'il ne les a pas vu depuis 7 ans, non, celui qui nous fait rire parce que ça n'est pas drôle et que ça tente de l'être … " Acquasanta Joe " en fait parti.
C'est l'histoire d'un mec, il est chasseur de prime à la fin de la guerre de sécession. N'hésitant pas à interrompre grossièrement une partie de roulette pour le plaisir de tuer, le héro est puni par son karma : une bande de bandits braque la banque dans laquelle se trouve toutes ses économies pour la retraite. Acquasanta décide de les berner à son tour mais oh, attention, en face, le chef des bandeurs se trouve être le grand, l'audacieux, le magnifique, le prodigieux : Ty Hardin, le Marlon Brando des westerns lamentables. A nous les duels captivants, à nous les musiques Morriconienne, à nous les jetés de regards absorbants, à nous les coups de feu … à nous PARIS ! Et voilà que je déraille, à nous les courses poursuites dans le train, à nous les bastons dans les saloons, à nous l'ennui surtout, parce qu'il n'y aura rien de tout ça dans " Acquasanta Joe "
Alors que je préfèrerai de loin vous narrer la recette de mon tarrrrjine au pruneau, je vais quand même m'attarder sur ce petit navet, puisque malgré tout, j'aime ça. Je peux dès lors vous donner une dizaine de raisons de voir ce film ! Qui n'a donc jamais rêvé d'admirer José Garcia endossant le rôle d'un général nordiste. N'est-ce pas mieux encore de voir Julien Clerc en barbu interprétant un doux morceau de guimbarde ? Et m'arrêterais-je avant de dire que Kris Kristofferson (l'interprète de Whisky stream) mangeant des cigares, sept exactement, est la plus importantes des raisons de voir ce film ? Non ! Et d'abord … est-ce bien de Kris Kristofferson "Whisky Stream" ? Et si c'est bien de Kris Kristofferson, est-ce bien "Whisky Stream" ? Oh, Acquasanta, tu m'émoies. En vrai, il y a quelques bonnes raisons de voir ce film, disons qu'il y a assez d'action pour que notre paupière ne se ferme pas toute seule (à condition de le voir en pleine journée après 12 heures de repos, en buvant trois litres de café), quelques petites bonnes idées, et d'autres pas si bonnes que ça mais qui ont le mérite d'être original : Comme la scène de fin, combat canon vs arc & flèche (Jochise la flèche brisée ! ) … une scène qui n'a rien à envier à celle de Boromir (en plus il s'en prend 5, pas comme ce p*d* de Sean Bean !
Énormément de choses sont très mauvaises, évidemment. Au niveau des personnages, on a un protagoniste majeur mou comme la chiasse, aussi expressif que Tom Cruise dans ses beaux jours, et en face, Ty. A croire que Ty hait (qu'elle est drôle celle là) jouer correctement dans les mauvais films, il n'arrive pas à être convaincant ici. J'en juge Hardin sur sa carrière qui lui a donné des rôles parfois convainquant. Côté scénario, c'est horrible, même un film de massage prostatique des années 70 à l'époque des poils pubiens à base de canins et de personnes du troisième âge est mieux bâti de ce côté. Puis … un cimetière, un gars qui sait où est le pognon, un autre qui le garde en vie pour savoir où est le fric, ça ne me dit absolument RIEN du tout. Le meilleur reste la musique, alternant entre le très mauvais et le scandaleux, tout comme les dialogues qui oscillent entre le pitoyable et le lamentable. Quelques perles "Il m'a serré la gorge, ce qui m'a fait suffoquer", ou les innombrables "Ne fais pas le con Donovan !"
Mais je me dois de vous faire part d'une scène très émouvante, et qui pour moi résume tout l'équilibre et la logique du scénario, et qui explique même peut-être pourquoi les gens sont capables de s'aimer dans la vie. Bref …
Donovan vient de se faire berner par Joe. Il l'a amené dans une tanière où le trésor ne se trouve pas. Donovan décide de tout faire péter, et après quelques "boom" version cartoon, la bande à Ty fait son apparition, cherchant à tuer les deux hommes. Donova et Joe décident d'allier leur force, une fois encore ! La bataille est terrible, le sang et la poudre recouvrent le sol désertique du studio. Mais Joe va se faire avoir, quelqu'un marche dans son dos … Quand Donovan le sauve, achevant le méchant bandit. Il tend une main humidifié par la transpiration du à la chaleur tropicale, lui jetant …
" Alors, on a besoin d'une nourrisse ? "
Ce à quoi Joe, ému par l'intention toute particulière de son rival, répond …
"Ouais c'est vrai, quelque fois on a besoin d'un ami qui vous donne un coup de main"
C'est beau. Non seulement c'est beau, mais c'est con, faussement drôle, sûrement très mal placé en plein milieu d'une fusillade, et ridiculement joué.
Un ami qui, par ailleurs, après avoir fait 22 victimes dans tous le film, ligotera Joe à un arbre pour lui envoyer un coup de canon dans la gueule. Merci l'ami
Bon Film :)