Première grande adaptation des romans de Sir Conan Doyle sur grand écran et, surtout, première apparition de Basil Raithbone dans le rôle du détective, ce "Sherlock Holmes et le chien des Baskerville" est une véritable réussite. Certes, les producteurs ont considérablement limité les risques en choisissant d’adapter le roman le plus connu de l’auteur mais l’ambiance délicieusement lugubre de la lande anglaise permet au film de plaire autant aux admirateurs du détective anglais qu’aux amateurs de films de monstres classiques d’Universal. On retrouve, ainsi, cette lande déserte, cette brume oppressante, ces hurlements dans la nuit… le tout magnifié par une image en noir et blanc parfaitement bien exploitée. Cette ambiance de conte d’Halloween permet de venir compenser le suspens somme toute relatif de l’intrigue, surtout pour ceux qui connaissent le fin mot de l’histoire. L’identité du responsable parait, ainsi, assez évidente et le dénouement final a tendance à un peu traîner en longueur pour s’achever sur une fuite qui aurait dû être bien plus dramatique mais dont le spectateur ne verra rien (difficile de dire, aujourd’hui, si le refus de dévoiler le sort du coupable est dû à une censure fébrile ou à un manque de moyen). Quoi qu’il en soit, l’intérêt de ce premier épisode reste, bien évidemment, la prestation de Basil Raithbone, dont on nen peut que comprendre qu’il soit resté dans les mémoires. L’œil toujours facétieux sans pour autant tomber dans l’ironie constante, sûr de son talent sans en assommer ses proches, classieux sans être austère (ce qui sera le problème, plus tard, de Peter Cushing), Raithbone campe un Holmes certes infaillible dans ses déductions (ce qui est l’essence même du personnage) mais qui peut commettre des erreurs d’appréciation dont les conséquences peuvent être dramatiques. Ainsi, Raithbone a su trouvé un équilibre assez juste qui a fait de lui l’interprète idéal du personnage… au point de figé son image pour des décennies et d’être, aujourd’hui encore, la référence en la matière, que les nouveaux interprètes doivent, à la fois, renouveler et respecter. A ses côtés, Nigel Bruce campe un Watson également appelé à devenir la référence du genre puisqu’il ne sert pratiquement qu’à servir la soupe au détective en remplaçant le public (et le lecteur avant lui) dans ses questionnements et son analyse de l’enquête en cours. Cet épisode permet, néanmoins, de le mettre davantage en avant que ceux qui suivront, l’absence de Holmes pendant une bonne partie de l’intrigue lui offrant un peu plus de visibilité. Bruce parvient, néanmoins, à compenser le manque relatif d’intérêt de son personnage par sa voix extraordinaire et sa dégaine débonnaire qui force la sympathie. Il ne faut, cependant, pas oublier l’excellent Richard Greene dans le rôle du courageux Henry de Baskerville (qui était, d’ailleurs, la tête d’affiche à l’époque) et les autres seconds rôles (dont Lionel Atwill en médecin, Morton Lowry en voisin et Barlowe Borland en vieil acariâtre voulant faire des procès à tout le monde). Comme trop souvent pour les films de cette époque, le principal rôle féminin (Wendy Barrie) est peu gâtée avec un rôle assez maigre du cruche amoureuse. C’est, néanmoins, trop peu pour empêcher le film d’être une réussite bien agréable pour les amateurs de films des années 30, et ce d’autant plus que le rythme et la BO sont plutôt soignés.