Grand amateur de films d'horreur devant l'éternel, et attendant avec impatience la sortie de la moindre daube dont le budget ne dépasse pas les 250$, je me demande encore comment j'ai pu ignorer l'existence de celui-ci jusqu'à aujourd'hui. Pourtant, vu la controverse qu'il semble susciter parmi les spectateurs l'ayant vu (ou pas d'ailleurs), et l'originalité du scénario (un mélange entre la célèbre chanson de la bande à Basile : La Chenille, Hostel et Derrick), j'aurais dû en avoir connaissance bien avant, mais je comprends que les gens, après l'avoir vu, hésitent quelques peu à pratiquer le bouche-à-oreille...
Ne nous racontons pas d'histoires, si ce film suscite tant de critiques et de réactions, plus ou moins violentes ou écoeurées, ce n'est pas à cause des scènes de chirurgie qui sont beaucoup plus soft que celles diffusées par Michel Cymès dans le magazine de la santé l'après-midi (une fois au zapping il montrait une opération des hémorroïdes, et ça c'était infiniment plus gore que le mille-pattes), ni à cause de l'horrible Dr Heiter, dont le potentiel comique est indéniable ! Non, s'il choque tant, c'est parce qu'il touche à l'un des derniers tabous auquel le cinéma d'horreur ne s'est pas attaqué, et ce tabou, il ne faut pas avoir peur de le dire, c'est le Caca !!! Qui aurait crû que les Freddy, les Jason et autres Jigsaw, des mecs qui ont tout donné, qui ont mouillé le maillot pendant des années pour nous foutre les jetons, seraient d'un seul coup balayés, relégués au rang d'enfants de coeur par 3 petits points de sutures et une misérable crotte ? Quelle pitié ! Et en même temps, c'est assez amusant de se dire que le croque-mitaine ultime, le véritable boss de fin n'est rien d'autre qu'un tas de M*
Le mille-patte est un film d'horreur qui tient la route, ni plus, ni moins. C'est un bon film d'horreur parce qu'il provoque exactement ce qu'on attend de lui, la peur (Houuuuuu). Et pour provoquer la peur, un film a à sa disposition 2 ingrédients, le suspens (on sait qu'il va arriver quelque chose mais ni quoi, ni quand) et le dégoût (il arrive un truc si horrible au personnage que par empathie on souffre en imaginant être à sa place). Les proportions varient en fonction du gâteau que l'on veux obtenir à la fin. Ici nous avons donc un film qui utilise presque uniquement le second ingrédient. Dans la première partie du film, jusqu'à ce que les filles soient droguées et capturées, le réalisateur saupoudre son film avec un peu de suspens light. Forcément, on sait quel film on est allé voir (surtout celui-là), et donc qu'il va leur arriver un truc vraiment dégueux. Alors on flippe pour elles et surtout on s'énerve, comme c'est généralement le cas dans ce genre de film où les victimes prennent des décisions aussi sottes que suicidaires (je pense d'ailleurs que ce procédé ne contribue pas à créer une totale empathie envers la victime puisqu'on finit par souhaiter sa mort en raison de sa trop grande stupidité). Donc une fois les filles capturées, le cuistot ajoute le 2e ingrédient, le chocolat, et cette fois en grande quantité. Bien sûr, on sent son odeur depuis le début puisqu'on ne pense qu'à ça dès la première scène, mais maintenant, on va le goûter et effectivement, le choc est assez écoeurant mais on en bouffe quand même puisqu'on est venu pour ça. Et puis de toute façon, on en mange pas vraiment du gâteau, on fait semblant comme à la dinette et on ne grossit pas.
Il est important quand on regarde ce genre de film de se rappeler qu'il s'agit de divertissement pur, d'un simple spectacle. Même si le seul inconvénient quand on fait ça, c'est qu'après on a moins peur !