Ce film est un chef d'œuvre absolu. que je viens de revoir pour la cinquième fois, et que je tente de faire partager le plus possible. Il se joue sur plusieurs temps, des acteurs principaux, et aussi de la société civile, le putsch militaire en Argentine en 74 installant une ligne de partage, en faisant sortir de prison des criminels afin d'en faire des larbins su pouvoir, réactivant l'apparition du mal absolu.
Le film commence donc par une scène insoutenable, mais tout de même traitée avec le plus de retenue possible, celle du viol et du meurtre d'une jeune femme. Le commissaire de police, Esposito, arrivé sur les lieux, même si ce n'est pas un novice, en restera marqué à jamais.
Dés lors,, il n'aura de cesse de retrouver le coupable, hanté par le crime, tout comme le jeune époux de la victime. La relation entre les deux hommes et leur complicité dans la traque, refusant tous deux que le temps passe l'éponge, et que l'affaire ne soit classée, est une des clés du film.
Mais la relation amoureuse, non exprimée explicitement entre la juge du tribunal, issue de la société bourgeoise, et le commissaire est la grande affaire. Le titre du film est en accord avec effectivement le non dit. Non seulement dans les regards éloquents, entre les protagonistes, qui sont terriblement signifiants, des jeux de l'amour à ceux de la mort, mais aussi dans ce que l'intuition, et l'émotionnel nous dicte, nous mettant aux aguets...
La scène la plus forte du film est à mon avis liée à ce moment où la juge, Irène, par le regard qu'un inculpé lui adresse, comprend instantanément ce que les paroles, les preuves, les dossiers n''exprimeront jamais.....
C'est un film sur le mal absolu, la psychopathie, et en même temps une ode sur les sentiments les plus délicats, presque une chanson de geste moyenâgeuse, quand le chevalier n'osait exprimer ses sentiments à la dame de son cœur,, même s'il était familier de la plus grande barbarie.
Quels merveilleux acteurs! Les seconds rôles sont tout autant fascinants. "Un homme peut tacher de se faire oublier, de tout faire pour passer inaperçu, mais il ne renoncera jamais à sa passion"
Je n'oublierai pas ses paroles, qui se révéleront déterminantes dans la recherche du criminel, exprimés par cet inspecteur alcoolique, ami du commissaire, et qui par sa propre addiction, parvenant à la transformer en connaissance, parvient à percer l'affaire, transformant ainsi sa faiblesse en force..…
Le temps peut passer. Des traumatisme restent intacts. Comment continuer à vivre, en ne devenant pas esclave du passé ? La résilience peut nous faire tourner la page, mais nous n’oublions pas. J’imagine que ce film en Argentine a du être accueilli comme une sorte de catharsis, après les années noires. Bravo donc pour ce metteur en scène José Campannella, et le scénariste.
Pour moi il fait partie des vingt meilleurs films que j'ai pu voir., et dans lesquels je serais bien embêté de dresser une hiérarchie.