Avis sur La Ferme aux loups

Il faut bien que chacun effectue ses débuts. C'est le cas ici de Martine Carol, Paul Meurisse et François Périer qui ont la malchance d'œuvrer dans une comédie policière indigente qui ne rehausse pas le niveau général de la filmographie de Richard Pottier. Bizarrement c'est le facétieux Carlo Rim qui officie au scénario. On a connu le futur réalisateur à venir de l'impayable "Armoire volante" plus inspiré. Rien de ne fonctionne, de l'histoire abracadabrantesque à la réalisation d'une parfaite platitude. On remarquera juste une apparition sympathique mais très courte d'Henri Vibert qui a eu le nez creux de prendre ses jambes à son cou pour échapper à cette mascarade de piètre niveau. Quant aux trois acteurs, ils ont eu heureusement d'autres occasions de se racheter, spécialement Paul Meurisse ici particulièrement insipide. A oublier au plus vite.

Un rythme plutôt soutenu, du suspense et un brin de mystère voilà les principaux ingrédients de ce sympathique thriller.

Richard Pottier avec ses 39 films est un des meilleurs représentants du cinéma populaire des années 40 et 50 mais comme il n'a pas l'étoffe d'un ''Grand'' ses films ont vieilli ce signe un certain manque de talent. Cela n'a aucune connotation péjorative car le cinéma à besoin de toute sa famille de réalisateurs, c'est juste pour le situer dans la grande histoire du septième art. Pour moi, son film le plus intéressant demeure ''le monde tremblera'' avec son extraordinaire scénario. La ferme aux loups est une gentille comédie policière typique des années occupées et qui permettait aux spectateurs de se délasser tout en s'occupant superficiellement l'esprit. Elle nous permet de découvrir Martine Carol avec son vrai nez, François Perrier et Paul Meurisse respirant la jeunesse et l'amitié et d'autres grandes vedettes de l'époque. Elle permet aussi par comparaison de constater que les chefs d'oeuvre signés, Grémillon, Duvivier, Carné/Prévert, Tati, Autant-lara, Becker, Guitry n'ont pas subi l'épreuve du temps.

Le film démarre bien entre le dynamisme de deux jeunes loups du cinéma jouant les jeunes journalistes voulant sortir de la page des chiens écrasés et un début d'intrigue qui semble intéressante. Hélas le scénario ne tient pas ses promesses et le film finit un peu poussivement.

Accompagné par son fidèle photographe (Paul Meurisse), François Périer joue, à la façon d'un Rouletabille, un journaliste résolvant à lui seul, plus avisé que la police et la justice, une intrigue ténébreuse.
Conformément à un certain registre de journalisme "moderne", Périer et Meurisse composent des plumitifs désinvoltes, parfois cyniques, roublards souvent. Cependant, l'intrigue, commencée avec le meurtre d'un clochard et se poursuivant dans une ferme mystérieuse au coeur de la forêt, n'est pas très intéressante. Complexe, elle apparait également artificielle, et son dénouement n'aura pas le caractère spectaculaire et magistral, voire théatral, qu'on attendait.
Il faut dire que Richard Pottier propose une mise en scène sans idée ni style. Le style, on le perçoit par instants dans le sujet et les dialogues de Carlo Rim, ce goût du futur réalisateur de "L'armoire volante" pour le fantastique et l'ironie. Pas au point toutefois de donner une vraie saveur ou rélle originalité à cette comédie policière un peu complaisante et à son duo d'acteur confiné dans les plaisanteries volontiers puériles.