Avis sur Eegah

Qu’est-ce que Eegah ? Et bien King Kong version drive-in fait avec dix dollars et à la place du Kong, Richard Kiel, qui deviendra célèbre plus tard avec son rôle de Requin.
Ce dernier est en fait le seul atout du film, imposant sa taille impressionnante, même s’il est par ailleurs complètement sous-utilisé. Il se contente de déambuler mollement, son gourdin en plastique à la main, une peau le couvrant en partie. Ah, si, il mange aussi de la mousse à raser, et il est amoureux. Bref, malgré tout l’amour qu’on peut avoir pour Richard Kiel, il ne livre pas une bien grande prestation ici, jouant essentiellement de ses 2 m 18. Autour de lui des acteurs qui n’ont pas percé. Le réalisateur confie un rôle à son fils qui ne fera aucune carrière et il prend lui-même un personnage. Marilyn Manning est peut-être la seule qui croit un peu au film, et arrive à dégager quelques émotions, rien que du très ténu.
Casting médiocre et personnages sans intérêt, au service d’une histoire qui copie allégrement King Kong, sauf qu’il faut remplacer le singe par un homme préhistorique qui, au sommet de sa méchanceté renversera quelques bonhommes qui sont en travers de son chemin. Mou du genou, souvent grotesque (le final, d’ailleurs archi-prévisible), il ne se passe rien, et le film est souvent drôle malgré lui, et malgré l’ennui profond qu’il parvient parfois à instaurer. Franchement, c’est typiquement un film de drive-in, celui qu’on regarde vaguement dix minutes en tout, passant le reste du temps à bécoter sa charmante copine. Et le pire, c’est qu’on ne rate rien en fin de compte !
Visuellement c’est le minimum syndical. Photographie laide, décors minimalistes (heureusement, la moitié du film se passe dans un coin de désert, ça permet de faire des économies), stock-shot d’animaux ridicules (le serpent à sonnette) histoire de montrer qu’on est bien dans le désert, je ne parle même pas des accessoires, des costumes, de la figuration minimum et de la mise en scène sans relief. Le réalisateur filme avec autant d’entrain que Kiel à sortir de sa grotte, c’est donc d’une mollesse rare. La bande son ne vole pas bien haut, c’est très classique, jusqu’aux violons lorsque Eegah finit mal.
Plagiat éhonté de King Kong, Eegah est considéré parfois comme un des pires films de l’histoire du cinéma, et il n’a pas volé sa réputation. C’est fauché, sans talent, sans imagination, bref, à oublier. 0.5