Titre sybillin, peut-être en relation avec les mathématiques, puisque l’héroïne de cette histoire est passionnée de cette discipline, par goût et désir de mettre de l’ordre dans la vie. Béatrice Dalle joue Nadia, une femme étrange, à laquelle s’est attaché son neveu Pierre, lycéen de 17 ans, beau, intelligent, et qui va se révéler homosexuel sans que ce détail ait d’ailleurs la moindre importance dans les évènements qui nous sont montrés. Il se trouve que Nadia, tenue à l’écart par la mère de Pierre – sa propre sœur, donc –, qui la trouve « dangereuse », aussi fantasque et libre que son interprète, est alcoolique, et qu’on lui découvre une cirrhose. Elle doit suivre un traitement dans un sanatorium situé en Autriche, où elle s’ennuie férocement et perd tout désir de vivre. Pierre vient lui rendre visite, lui propose une promenade en montagne, et alors qu’il sait qu’elle ne doit pas boire une seule goutte d’alcool, la laisse boire du vin, puis, la nuit venue, s’arrange pour la perdre en forêt : une forme d’euthanasie qui ne dit pas son nom.
Ce film, qui tranche sur le cinéma français tout-venant, brille surtout par les défauts qu’il n’a pas et qu’il aurait pu avoir. Pas de dialogue prétentieux, pas de bobos germanopratins (nous sommes à Bordeaux), pas de numéro d’acteur dans le style Luchini (en dépit de son personnage d’alcoolique, Béatrice Dalle est sobre, avec quelques éclats), pas de caméra portée ni de trucages numériques, pas de famille pittoresque ou rongée par un « lourd secret », mais du sérieux, une histoire écrite quoique un peu longue (on couperait volontiers les scènes de boîte de nuit), et un interprète débutant, Isaïe Sultan, qui tient convenablement son rôle, contrairement à certaines « révélations » récentes et survendues.
Néanmoins, le caractère trop austère du film empêche de le recommander à tous.