The Descendants a de toute évidence un côté exotique qu'il arbore fièrement : Le ciel, les oiseaux et la mer en toile de fond, des musiques douces et entraînantes, des chemises à fleurs, et des personnages à l'aspect décontracté. Mais comme le dit Matt King (George Clooney), il n'y a pas de paradis sur terre, et ce monde hawaïen, aussi attractif soit-il, peut cacher bien des tragédies. Ce sont donc sous des auspices incertains que s'ouvre le film : Avec le coma de la femme de Matt. S'ensuit une quête familiale intense, entre hiérarchie contestée et partage mutuel. Les problèmes semblent s'abattre tous en même temps sur notre protagoniste, qui doit assumer à la fois ses responsabilités de père, de mari, d'ami, et de propriétaire. Toute la question du film réside dans ces simples mots : Qu'est-ce qui est à moi ? Qu'est-ce qui ne l'est pas ?
Je n'oserai pas effectuer une comparaison entre la femme et la terre, ce serait malvenu, mais il y a cette même idée de savoir ce qui est à nous, et surtout, si c'est vraiment à nous. Ce n'est pas un désir de possession malsain mais plus un désir de connaissance : Savoir ce que l'on possède pour mieux le connaître.
C'est finalement en s'occupant de régler les détails concernant l'état de sa femme que Matt va se rendre compte qu'il y a beaucoup de choses qu'il ignore, et que ceux qui lui ont caché ces choses là ne sont pas les seuls fautifs. Lui-même va comprendre qu'il vit dans une espèce de linéarité incolore, dépourvue de tout sentiment positif, comme le constate la voix-off assez pessimiste au début du film. Mais s'il va découvrir ce malaise qui l'abrite ce n'est pas de sa simple initiative, non. Le personnage qui est vraiment à la base de cette recherche de réponses (qui dépassent le stade de l'intrigue primaire) n'est autre que sa fille aînée : Alexandra, incarnée par la ravissante Shailene Woodley. Ado rebelle ou fille aimante ? Elle oscille entre ces deux statuts en gardant toujours ce côté naturel, charmant et masculin (sa première réplique reflète d'ailleurs très bien ce côté). Finalement je comparerais presque la relation qu'elle entretient avec son père à une relation fraternelle. Quand j'évoquais une hiérarchie contestée, il y a cette idée du père maladroit, incapable de s'y prendre correctement avec ses enfants, qui va, de manière assez curieuse, être en quelque sorte "coaché" par cette fille au premier abord pourtant si retranchée dans ses positions. L'actrice a fière allure aux côtés de George Clooney et n'a pas à rougir de la comparaison tant sa présence est certainement le facteur le plus positif du film, qui change des scènes qui pourraient être banales avec une autre actrice en véritables délices.
Bref, la recherche de compréhension et la quête familiale va contribuer à créer une sorte de road movie, où la fille la plus jeune de Matt et l'ami loufoque d'Alexandra, Sid, auront eux aussi leur rôle à jouer. Pour ce dernier il est clair qu'il apporte cette dose d'humour nécessaire, de sa présence insolite à son je-m'en-foutisme le plus royal. Il y a aussi une certaine fragilité qui s'en dégage qui, si elle est à peine esquissée, reste très touchante. Quant aux autres personnages qui défilent sous nos yeux (assez nombreux tout de même), je suis resté aussi bouche-bée devant Judy Greer que ne pouvait l'être Matt King. C'est donc un ensemble de situations douces, drôles et touchantes qui parsèment le film, exposées par une réalisation intelligente, capable de créer des effets de style aux bons moments tout en restant en accord avec la sobriété ambiante. Ajoutez à cela une BO raffinée, exotique, et un cadre paradisiaque, et vous avez tout du film qui vous offre une ballade agréable. Alors bien entendu des défauts il y en a, notamment un manque de profondeur dans les séquences plus dramatiques, une voix-off pas toujours nécessaire et un démarrage trop explicatif et peu inspiré, mais dans l'ensemble le film a su gagner en intensité au fil des minutes pour atteindre son but : Créer l'empathie chez cette famille originale, nous poussant à vouloir se lover avec eux dans le canapé, un pot de glace à la main et une cuillère dans l'autre.