La raison du film : faire savoir, à travers le portrait d’Anna Politkovskaïa ( 6 octobre 2006), qu’il y aura un jour un tribunal pour juger vraiment les crimes tels que celui qu'elle a subi parce que des gens comme elle ont recueilli et archivé des monceaux de preuves, témoignages, enquêtes, films dont les rares extraits qu’on voit ici sont terrifiants.
En 2003 et 2004 le réalisateur avait commencé un film sur Anna, mais sa mort a tout changé. Elle disait déjà alors que c’était un miracle qu’elle fût encore en vie. Journaliste à Novaya Gazeta, le dernier organe de presse indépendant en Russie, Anna consacre sa vie à la recherche de la justice et de la vérité. A partir du moment où elle commence à se rendre en Tchétchénie, elle se sait en danger. Elle continue, à l’effroi de son entourage, de ses collègues, parce qu’elle pense que cette guerre est à la fois une guerre coloniale et un génocide et qu’il faut démasquer les coupables. Elle enquête sur Kadyrov et sa milice privée qui se livre au racket, au viol, à la torture, à l’assassinat. Médiatrice dans la prise d’otages du théâtre de Moscou en octobre 2002, la négociation est interrompue par la prise d’assaut (129 morts). Elle apprend que le seul terroriste à avoir pu s’échapper est un agent provocateur. Elle est arrêtée en Tchétchénie par des militaires russes, jetée dans une fosse et libérée par miracle. Elle dit sobrement qu’elle est contente d’avoir enfin vu ces fameuses fosses et refuse de raconter l’interrogatoire qu’elle a subi. En septembre 2004, elle évite de justesse le bain de sang quand des terroristes prennent en otages les enfants de Beslan : on lui sert un thé empoisonné. Elle ne s’en remettra jamais complètement.
Il y a autour d'Anna, à laquelle Catherine Deneuve a prêté sa voix en français, beaucoup de proches et d’amis pour témoigner et faire le portrait d’une femme généreuse et dure, gaie et séduisante, volcanique et d’une force admirable. Une véritable héroïne qui méritait bien ce bel hommage