Sorti en 1987, Munchies constitue peut-être l’œuvre la plus référentielle du producteur et cinéaste Roger Corman à son propre catalogue : les références au cinéma de genre et aux blockbusters foisonnent, de l’évident Gremlins (Joe Dante, 1984) – le titre en singe les syllabes, les créatures leur empruntent aspect et malignité, le scénario construit une invasion par l’idée amusante que les couper en morceaux leur permet de se multiplier ! – à Piranha (Joe Dante, 1978), avec ses deux baigneuses, en passant par E.T. (Steven Spielberg, 1982) et Pirates ! (Roman Polanski, 1986). Nul hasard si l’un des magasins pillés n’est autre qu’un vidéo club sur la devanture duquel sont placardées des affiches de productions telles que Sorceress (Jack Hill, 1982).
Munchies compose, de façon convenue puisqu’en accord avec les codes du genre, une galerie de personnages marginaux : la vieille folle soucieuse de défier les créatures sur la route, les vendeurs de glace ayant chacun sur la tête un chapeau en forme de cône fondu, un flic chargé de la circulation en excès de zèle, des nains revêtus d’un costume en frites et travaillant dans une friterie, etc. Comme chez Joe Dante, nous retrouvons l’omniprésence des écrans, par le biais de téléviseurs et de programmes publicitaires révélés dans leur pouvoir aliénant. La pop culture devient un terrain de jeu et de chasse pour ces petits prédateurs, dont l’un parle français, et le spectateur prend un malin plaisir à repérer les nombreux clins d’œil cachés un peu partout (la Cadillac rose immatriculée Melvis, une course-poursuite à la Starsky et Hutch etc.). Une œuvre généreuse, un hommage amusant au cinéma bis qui se voit pourtant limité par son statut strictement référentiel et par l’animation sommaire de ses petits monstres.