Voilà une adaptation moderne du célèbre conte que tout le monde connait. Si ce dernier était destiné exclusivement aux enfants, cette version moderne n’est pas à mettre sous les yeux des plus petits d’entre nous. J’ai dit moderne, et pourtant l’histoire se déroule dans un village médiéval, isolé entre montagnes et forêts. Dès les premières images, on constate une esthétique soignée, avec un superbe plan aérien, sous une musique aussi superbe que les images. Cette belle esthétique perdure tout le long du film. L’ambiance incorporée est plutôt sombre, amenant un aspect gothique mêlé de mysticisme. La couleur pétaradante de la capeline offre un contraste flashy, conformément à ce que l’affiche nous montre, et ce n’est pas fait pour nous déplaire puisque ça a le mérite d’enlever le côté puéril du conte. Rapidement les premiers bémols arrivent : la petite fille, qui n’écoute pas les conseils dispensés par sa mère, capture un lapin sensé être sauvage par l’intermédiaire d’un piège, mais qui se laisse attraper comme qui rigole dès la cage levée, sans compter qu’il ne se débat même pas. Il est domestiqué ce lapin ! Parsemée d’incohérences
(comme, pour ne citer que cet exemple parmi tant d’autres, cette flèche d’arbalète qui pique dans l’épaule mais qui fait boiter le jeune homme avant qu‘il ne se porte rapidement comme un charme)
, la suite n’est qu’une adaptation très libre du conte, en incorporant un loup-garou en lieu et place du simple loup tout court. Ce loup-garou tue une jeune fille au sein même du village, sans savoir pourquoi, mais je trouve aberrant d’apprendre que les villageois avaient passé un pacte avec la bête en lui offrant en sacrifice un agneau chaque année. Comment peut-on passer un pacte avec un tel animal ? Ah oui c’est vrai, c’est un conte, et on apprend plus ou moins le pourquoi plus tard dans le film, que ce soit au niveau du pacte consenti (et encore), ou que ce soit au niveau de la rupture du pacte. Comme toute bonne production américaine qui se respecte, il fallait bien incorporer une histoire d’amour, entre cette jeune femme, un amour d’enfance, et le prétendant au mariage forcé. A croire que les scénaristes avaient beaucoup de mal à meubler leur écriture, tant et si bien que le fruit de leur plume oublie de nous faire peur. A défaut de nous effrayer, on aurait dû au moins être inquiétés, mais même pas. Gary Oldman est parfait, très convaincant en Père Soloman (il fait penser à ces horribles dirigeants de la Sainte Inquisition), et a réussi à provoquer de l’intérêt. Mais je m’interroge sur les moyens qu’il met en œuvre pour tuer la bête,
puisqu’il s’est greffé des ongles en argent, d’ailleurs pas si longs que ça. Comment peut-il espérer les enfoncer dans le corps du loup-garou afin de le tuer ? Il n’y a qu’à voir comment ils servent à la fin, puisque sa main coupée trouve enfin le rôle qui lui a été octroyée, mais les doigts ne plient même pas. Pathétique. Et la rigidité cadavérique, me direz-vous… Ca ne suffit pas pour me convaincre. Et
le fait est que je n’ai pas été convaincu du tout, tant et si bien que je n’ai même pas prêté attention aux nombreux défauts cités par bon nombre de mes congénères cinéphiles. D’autant plus que la fin laisse une place large à une éventuelle suite… Pitié non ! Il n’empêche que les pistes sont bien brouillées pour aménager un certain suspens quant à savoir qui est le loup… pardon, le loup-garou. Euuuuuh, à quand "Le chat perché" ? Moi, je vais me promener… dans les bois, tant que le loup n’y est pas. :-)