Les plus utilesLes plus récentesMembres avec le plus de critiquesMembres avec le plus d'abonnés
Filtrer par :
Toutes les notes
TTNOUGAT
584 abonnés
2 530 critiques
Suivre son activité
4,5
Publiée le 3 septembre 2015
Rien de mieux que ce film pour montrer à quel point une grande artiste transforme une étrange histoire en une œuvre cinématographique de grande qualité. Gloria Grahame n'entre en scène qu'au bout de 20 minutes durant lesquelles tout semblait bizarre et à vrai dire surréaliste. Dès son arrivée, le film devient fascinant car elle dégage un tel érotisme et une telle inconscience que nous entrons avec délice dans son monde angoissant. Qu'importe la vraisemblance, le rêve au cinéma reprend ses droits. Gloria Grahame n'a pas fait la carrière qu'elle aurait du, les cinéphiles qui la connaissent mal pourront se rattraper avec une dizaine des films tournés sous la houlette de grands réalisateurs : De Mille, Lang, Ray, Dmytryk, Wise, Zimmerman, Capra, Minnelli …Ce n'est pas rien. Elle peut tout jouer parfaitement et on ne voit alors plus qu'elle. Sterling Hayden n'a pas ici un beau rôle, les autres personnages masculins non plus. L'ambiance de la ville frontière correspond aux rumeurs, elle est glauque, elle constitue le second intérêt du film. L'alibi meurtrier est un polar à découvrir aussi pour l'originalité de son scénario. Jerry Hopper a réussi quelques beaux plans dignes des films noirs.
Un film noir avec la très sulfureuse Gloria Grahame dont Philippe Garnier dans son essai sur les personnages oubliés d’Hollywood « Caractères » dit qu’elle avait la lèvre supérieure la plus troublante du cinéma américain , comme novocaïnée en permanence. A ses côtés le non moins culte Sterling Hayden et l’acteur de séries Gene Barry. Le film commence sur un quiproquo qui nous fait douter des méthodes de Hayden commissaire violent (Harry Callahan avant la lettre ?). Il semble en effet s’acharner sur pauvre quidam qu’il accuse d’avoir troublé l’ordre public en état d’ivresse. Mais les adjoints du commissaire présents lors de l’interrogatoire sont dessoudés un à un. Toujours sans preuve aucune Hayden continue de harceler le pauvre pâtissier dont on commence à se demander s’il est bien crédible dans son rôle de mari-modèle tenant une pâtisserie mondaine en ville. Commence alors la deuxième partie du film sorte de réplique fauchée de la soif du mal. Décidé à s’isoler pour se refaire une santé Barry bat retraite à la frontière mexicaine où se découvre sa face cachée représentée par une Gloria Grahame qui tient ici un des rôles où elle excelle. Celui de la femme en bout de ligne perdue dans un bouge où elle donne de la voix et de l’ondulation du bassin pour un public masculin venu s’encanailler dans la ville frontière. Elle est troublante et pathétique à la fois, et malgré notre envie de la sauver on sait que cette fille-là est perdue. Ce n’est pas Sterling Hayden qui pourra y faire quelque chose. Malgré des moyens limités le film est de bonne facture grâce à une intrigue solide et des acteurs impliqués dans des rôles assez manichéens. A découvrir.